À Genève, la liberté d’expression remise au cœur du combat pour les droits humains

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By Youcef Baadja

La cinquante-huitième session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui s’est achevée le 4 avril 2025 à Genève, aura été, à mes yeux, un moment fort de réaffirmation des principes universels sur lesquels repose notre engagement collectif pour un monde plus juste.
En tant qu’observateur engagé de la scène internationale et défenseur inflexible des droits humains, je tiens à saluer le travail remarquable accompli durant cette session, notamment en faveur de la liberté d’expression, pilier fondamental de toute société démocratique. Cette session s’est tenue dans un contexte où les menaces à la liberté d’expression n’ont jamais été aussi diverses, ni aussi insidieuses. À l’heure où les technologies numériques modifient nos modes de communication, elles constituent à la fois un levier formidable pour faire entendre les voix les plus marginalisées, et un terrain fertile pour de nouvelles formes de censure, de surveillance abusive, de harcèlement en ligne ou encore de désinformation organisée.


Face à cette complexité croissante, le Conseil a adopté avec lucidité et détermination une résolution ambitieuse visant à renforcer la protection des défenseurs des droits humains dans l’espace numérique. Portée par la Norvège et appuyée par de nombreux États membres, cette initiative reconnaît explicitement les risques que posent les nouvelles technologies à l’exercice libre et sécurisé de la parole critique. Elle appelle à un encadrement juridique robuste et à une coopération internationale renforcée pour garantir que l’espace numérique reste un espace de liberté, et non un vecteur d’oppression.


Ce texte s’inscrit dans une série d’initiatives salutaires prises par le Conseil pour défendre celles et ceux qui, partout dans le monde, s’élèvent contre l’arbitraire, parfois au péril de leur vie. Il dénonce avec force les violences ciblant les défenseurs des droits humains, notamment les attaques numériques et campagnes de dénigrement contre les femmes engagées dans le débat public. Il enjoint les États à adopter des mécanismes concrets de protection, à enquêter sur les violations, et à traduire les auteurs en justice.


En tant que citoyen profondément attaché aux libertés individuelles, je me félicite que cette reconnaissance de la vulnérabilité spécifique des défenseurs en ligne se double d’une volonté d’agir concrètement. Dans un monde où la censure se pratique désormais à coups d’algorithmes et de fermetures arbitraires de comptes, il est vital de réaffirmer que la liberté d’expression ne se négocie pas, même — et surtout — en ligne.


Autre progrès notable : le renouvellement du mandat du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction. Dans une époque marquée par la résurgence des intolérances religieuses, parfois instrumentalisées à des fins politiques, ce geste du Conseil est une manifestation claire de son attachement au pluralisme, à la coexistence pacifique et à la liberté de conscience. C’est là encore un fondement indispensable d’un espace public libre, où l’expression de la foi — ou de son absence — est protégée et respectée.


Il serait injuste de ne pas évoquer, au-delà de ces résolutions thématiques, l’attention portée par le Conseil à la situation dans de nombreuses régions du monde. De Gaza à l’Ukraine, de l’Iran au Myanmar, le Conseil a dénoncé les atteintes graves aux droits fondamentaux et prolongé des mandats essentiels d’enquête et de suivi. Il a rappelé que la liberté d’expression n’existe jamais isolément : elle est indissociable du droit à la vie, à la sécurité, à la dignité, et à la justice.
L’universalité des droits humains suppose de ne jamais hiérarchiser les luttes. C’est pourquoi je salue également la décision de renforcer la mobilisation contre la désinformation, la stigmatisation des minorités, les incitations à la haine religieuse ou raciale, ainsi que les atteintes aux droits culturels, y compris dans le domaine du patrimoine numérique.
Un appel à l’engagement citoyen

En conclusion, je tiens à saluer le professionnalisme, le courage et la vision dont ont fait preuve les membres du Conseil au cours de cette session. Leur travail nous rappelle que les droits de l’homme ne sont jamais acquis ; ils se conquièrent chaque jour, par le droit, par la vigilance, et par l’engagement.


Nous avons, collectivement, la responsabilité de faire vivre cette dynamique, non seulement dans les enceintes diplomatiques, mais aussi dans nos institutions nationales, nos médias, nos écoles, et nos espaces de débat. La liberté d’expression, lorsqu’elle est pleinement respectée, permet à la démocratie de respirer, à la critique de s’exprimer, et à la justice d’avancer.
Pour ma part, je continuerai d’élever la voix, avec constance, pour que jamais cette liberté ne soit bâillonnée.


Youcef Baadja

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