Le gouvernement de l’Est libyen à la recherche d’alliés

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By Imen Chaanbi

Le maréchal Khalifa Haftar a reçu dimanche dernier dans son quartier général de Benghazi l’ambassadeur de Suisse en Libye, Joseph Philippe Ringley. Cette réunion marque une étape significative dans l’intensification de la coopération internationale entre le gouvernement autoproclamé de l’Est de Libye et la Suisse.

Pour le gouvernement de stabilité nationale (GSN) installé à Benghazi sous le contrôle de l’Armée nationale libyenne (ANL), cette rencontre s’inscrit dans une stratégie politique visant à consolider la position du maréchal Haftar, commandant en chef de l’ANL, sur la scène internationale. Une stratégie que mène ce dernier et ses alliés depuis 2014, date depuis laquelle le pays est divisé entre deux pouvoirs exécutifs – le « gouvernement d’union nationale » (GUN) à l’Ouest, reconnu par la communauté internationale et par les Nations unies et siégeant à Tripoli, sous l’égide d’Abdelhamid Dbeiba, et le GSN de Khalifa Haftar, ses fils et ses alliés, à l’Est.

L’enjeu pour Haftar est de gagner la Suisse comme un partenaire stratégique de la Libye dans divers domaines, bancaire notamment. Les échanges ont principalement porté sur les stratégies à adopter pour surmonter l’impasse politique actuelle, ainsi que sur les moyens de faire progresser le processus politique en vue de l’organisation d’élections, considérées comme une étape cruciale pour établir la stabilité en Libye. L’objectif de l’homme fort de l’Est, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, est de s’imposer comme l’interlocuteur principal dans une Libye divisée et tourmentée par la guerre civile, de consolider sa légitimité tout en garantissant la continuité de son clan.

Cette rencontre illustre la compétition diplomatique qui se joue entre les gouvernements de l’Ouest et de l’Est, l’un comme l’autre aspirant à devenir l’interlocuteur privilégié des organisations internationales. Cette concurrence s’est intensifiée depuis la crise de la Banque centrale libyenne et l’arrêt d’une partie des exportations des hydrocarbures, qui pénalisent le pays, premier producteur de pétrole brut en Afrique – il a dépassé le Nigeria depuis mars 2024. L’actualité récente a vu un incessant ballet diplomatique prendre place entre les deux gouvernements libyens d’une part, les puissances européennes et les membres des BRICs d’autre part. Ainsi, Abdelhamid Dbeiba a reçu hier, 24 septembre, l’ambassadeur d’Espagne à Tripoli, Javier Soria Quintana. Quant au président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled Al-Meshri, il a récemment rencontré l’ambassadeur du Qatar en Libye, Khaled Al-Dosari à Tripoli.

Des alliances pour sortir de l’impasse

Tous désirent renforcer la coopération politique et économique avec des acteurs aussi bien globaux que régionaux. Les récentes visites du Général de division Sadam Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar, au Burkina Faso, au Niger, au Mali et en Turquie indiquent l’établissement d’une nouvelle configuration des alliances au sein de la région. Par ailleurs, les pourparlers récents impliquant Belgacem Haftar, un autre des six fils du militaire libyen, et directeur actuel du Fonds pour la reconstruction de la Libye, et des nations telles que les États-Unis, la Russie, la Chine ou les pays du Golfe, confirment les ambitions politiques du fils de Haftar.

Face à l’intérêt grandissant de plusieurs pays pour le régime de Haftar, la question de la légitimité du gouvernement de l’Ouest pourrait être remise en cause…

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