Vingt mensonges sur les armes nucléaires

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By La rédaction

Les armes nucléaires, bien qu’elles soient considérées comme des symboles de pouvoir et de dissuasion, reposent sur un ensemble de mythes soigneusement entretenus. Le document « Vingt mensonges sur les armes nucléaires », produit par des experts en désarmement de l’’association Initiatives pour le Désarmement Nucléaire (IDN) et l’ICAN France le relais national de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, propose une analyse rigoureuse pour déconstruire ces idées reçues et promouvoir un débat éclairé sur le désarmement nucléaire.

L’un des arguments les plus souvent avancés est que les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale. Cependant, de nombreuses études historiques démontrent que c’est principalement l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon, et non les bombes, qui a accéléré la capitulation. Les récits officiels ont été façonnés pour légitimer cet acte et masquer les motivations géopolitiques des États-Unis, notamment l’intimidation de l’Union soviétique au début de la Guerre froide.

Un autre mensonge tenace est que les armes nucléaires garantissent la paix et l’indépendance nationale. En réalité, plusieurs exemples historiques démontrent le contraire : des puissances nucléaires ont été engagées dans des conflits directs ou indirects, comme l’Inde et le Pakistan, ou encore la Russie et l’Ukraine. Par ailleurs, la majorité des pays non nucléaires n’ont pas été victimes d’agressions militaires, remettant en question le rôle des armes nucléaires comme outil de protection.

La doctrine française de la dissuasion nucléaire est présentée comme strictement défensive. Pourtant, le concept d’« ultime avertissement » intègre la possibilité d’un usage offensif en cas d’échec de la dissuasion. Cela soulève des questions sur le risque d’escalade incontrôlable, notamment avec des puissances nucléaires adverses.

Outre les victimes directes des bombardements atomiques, les essais nucléaires ont laissé des séquelles massives. Par exemple, les essais menés par la France en Algérie et en Polynésie ont contaminé des régions entières, causant cancers, infertilité et autres maladies graves chez les populations locales et les militaires impliqués. Aux États-Unis, des milliers d’ouvriers travaillant dans la production d’armes nucléaires ont souffert de maladies liées aux radiations.

L’entretien et la modernisation des arsenaux nucléaires coûtent des dizaines de milliards de dollars chaque année. En 2022, les neuf puissances nucléaires ont consacré environ 82,9 milliards de dollars à leurs programmes nucléaires, un montant astronomique qui pourrait être redirigé vers des priorités globales comme la santé, l’éducation ou la lutte contre le changement climatique.

Les accidents nucléaires, comme celui de l’explosion d’un missile à propulsion nucléaire en Russie en 2019, rappellent les dangers environnementaux persistants liés aux armes nucléaires. Ces incidents ont des conséquences à long terme sur la biodiversité et les populations humaines.

Les armes nucléaires violent les principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment ceux de distinction, de proportionnalité et de précaution. Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en vigueur en 2021, les déclare illégales, même si des puissances comme la France refusent de le signer. Les doctrines de dissuasion reposent sur la menace de destruction massive, ce qui est contraire aux principes éthiques universels. Comme l’a affirmé Albert Camus après Hiroshima : « Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. » Contrairement à l’idée que le désarmement est irréalisable, des précédents comme l’élimination des armes chimiques montrent qu’il est possible de supprimer une catégorie entière d’armes. Le TIAN offre un cadre juridique pour parvenir à un désarmement progressif, avec le soutien croissant de la société civile.

L’interdépendance mondiale et le multilatéralisme offrent des alternatives crédibles à la dissuasion nucléaire. La coopération internationale et les initiatives diplomatiques doivent être renforcées pour réduire les tensions et prévenir les conflits. La véritable sécurité réside dans un monde débarrassé de ces armes. Le défi reste immense, mais le mouvement pour le désarmement, soutenu par des organisations comme ICAN et IDN, offre une voie vers un avenir plus sûr et pacifique.

Pour approfondir ces sujets et agir, visitez ICAN France et IDN.

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