Genève, 19 mars 2025 – L’année 2024 restera marquée comme un tournant inquiétant dans la crise climatique mondiale, franchissant pour la première fois la barre symbolique des 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, révèle aujourd’hui l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son nouveau rapport annuel.
La température moyenne mondiale en 2024 s’est établie à 1,5°C au-dessus de la moyenne des années 1850-1900, confirmant une tendance alarmante : les dix dernières années (2015-2024) figurent désormais toutes parmi les dix années les plus chaudes jamais enregistrées.
Le rapport de l’OMM met en lumière plusieurs constats préoccupants qui démontrent l’accélération dramatique du changement climatique :
- Concentration record de gaz à effet de serre : la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone a atteint en 2023 un niveau inédit depuis au moins 800 000 ans, avec 420 ppm, soit 151 % du niveau préindustriel.
- Élévation accélérée du niveau des mers : le rythme de la montée des océans s’est considérablement accéléré, atteignant désormais 4,7 mm par an, contre 2,1 mm par an au début des observations satellitaires en 1993.
- Fonte dramatique des glaciers : les trois dernières années (2022-2024) affichent la perte la plus rapide et la plus importante de masse glaciaire jamais observée.
- Réduction drastique des glaces polaires : les surfaces minimales des glaces de l’Arctique et de l’Antarctique enregistrent des niveaux historiquement bas, avec des impacts durables sur les écosystèmes et le climat mondial.
Ces phénomènes, amplifiés par le phénomène climatique El Niño, représentent des transformations climatiques irréversibles sur des centaines voire des milliers d’années, soulignant l’urgence immédiate d’agir pour contenir les conséquences à venir.
L’année 2024 a été marquée par une série d’événements climatiques extrêmes particulièrement destructeurs : les ouragans majeurs Helene et Milton aux États-Unis, les inondations meurtrières en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam et aux Philippines, ainsi que des sécheresses persistantes ayant aggravé des crises alimentaires dans plusieurs régions du monde.
Ces événements extrêmes ont entraîné des déplacements de populations jamais vus depuis 2008, provoqué des dégâts économiques colossaux et accentué les pressions sur les systèmes de santé et l’accès aux ressources essentielles.
La Secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo, appelle à un renforcement immédiat des systèmes d’alerte précoce. « Nous devons investir davantage dans les services météorologiques et climatiques pour protéger nos communautés et réduire les pertes humaines et économiques causées par ces catastrophes », insiste-t-elle.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, exhorte quant à lui les dirigeants mondiaux à réagir sans délai : « Contenir le réchauffement mondial à 1,5°C reste possible, mais uniquement avec une action mondiale ambitieuse, immédiate et coordonnée. »
Le rapport de l’OMM, résultat d’une collaboration internationale réunissant de nombreux experts, constitue un cri d’alarme face à l’urgence climatique. Il intervient juste avant la Journée météorologique mondiale, le 23 mars, destinée à sensibiliser les gouvernements et la société civile à l’importance cruciale d’agir sans attendre.