Jamais le Vietnam n’a été autant courtisé. Depuis quelques années, des délégations étrangères venues de tous les continents éfilent dans ce pays longtemps considéré comme sous-développé pour y nouer des accords économiques et politiques. Le pays devrait accéder au rang de revenu élevé d’ici 2045.
Une série de réformes économiques lancées dès 1986, associées à des tendances mondiales favorables, ont fait passer le Vietnam de l’une des nations les plus pauvres du monde à un pays à revenu intermédiaire en l’espace d’une génération. Mais l’intérêt porté aujourd’hui au Vietnam et à ses 99 millions d’habitants ne répond pas qu’à une logique de marché.
Vu de loin, le pays ne semble pas occuper une place importante sur la scène internationale, ni peser très lourd dans les décisions prises à l’échelle mondiale. Une erreur d’appréciation qu’il va falloir corriger car la place qu’est appelée à occuper le Vietnam est centrale à plus d’un titre. Sa diplomatie qui a fait de l’ennemi d’hier, les Etats-Unis, un allié et de son puissant et dangereux voisin, le Chine, un partenaire atteste d’un sens aigu des réalités géopolitiques. Si le Vietnam est appelé à jouer un rôle c’est qu’il est en passe de devenir un pays pivot au cœur d’une région vers laquelle se déplace le centre de gravité du monde.
Au lieu de ruminer leur passé, les Vietnamiens ont préféré se tourner vers l’avenir. Le résultats est spectaculaire. En 2024, le pays devrait connaître la plus forte croissance de l’Asie du Sud-Est, avec des projections de 6 à 6,5% de croissance du PIB. La croissance au Vietnam ne s’articule pas uniquement autour de l’agriculture mais se positionne dans les secteurs de haute technologie, en particulier l’Industrie 4.0, les puces semi-conductrices, l’intelligence artificielle (IA) et l’hydrogène et l’attraction de plus en plus de capitaux internationaux. Les investissements directs étrangers s’élèvent à 36,6 milliards de dollars d’ici 2023. Le pays est devenu un acteur majeur dans la production de textiles et d’électronique. Le gouvernement vietnamien entend porter à 30 % la part de l’économie numérique dans le PIB d’ici 2030, contre environ 7 % actuellement, en développant des infrastructures de qualité et en favorisant l’administration électronique et l’accessibilité des services 5G.
En ce qui concerne ses engagements internationaux, le Vietnam fait également partie des bons élèves. Il est parmi les 6 premiers pays à atteindre l’objectif du Millénaire pour le développement de l’ONU relatif à la réduction de la pauvreté. Grâce à un rythme soutenu de réformes le niveau de vie de la population n’a cessé d’augmenter. Le Viet Nam a connu un recul spectaculaire de la pauvreté au cours des 30 dernières années, son taux de pauvreté ayant été ramené de 80 % en 1992 à 7 % en 2021. Aujourd’hui, le budget de l’état alloué à la sécurité sociale est le plus élevé de l’ASEAN. Le Viet Nam fait partie du petit nombre de pays d’Asie du Sud-Est qui a évité une récession pendant la pandémie de COVID‑19 grâce à sa gestion avisée de la crise. Aujourd’hui, l’accès à l’éducation et aux soins de santé fait également partie des priorités de ce pays qui ne se laisse pas griser par ses succès.
Son engagement au sein des instances multilatérales va aussi de pair avec sa conscience des menaces que fait peser le changement climatique sur son agriculture et la sécurité alimentaire. C’est parce qu’il a pris pour boussole la durabilité et de la stabilité que le Vietnam est en train de devenir un acteur majeur dans la région.