Par Nayl Tounsi El Azzoiani, Observatoire Géostratégique de Genève *
Donald J. Trump, président élu des États-Unis, a marqué les esprits avec un discours de Noël inhabituel et audacieux, dévoilant ses plans géopolitiques pour son second mandat. À quelques jours de son investiture, prévue le 20 janvier, ses intentions radicales de redessiner la carte du monde suscitent controverse et inquiétude.

Sous le slogan « America First », Trump propose une stratégie sans précédent : l’annexion de territoires étrangers, dont le Canada, le Groenland et le Panama. Ces initiatives visent à renforcer la puissance américaine à travers l’accès à des ressources naturelles, l’amélioration des routes commerciales et le renforcement des capacités de défense. Avec 12,25 millions de kilomètres carrés potentiellement en jeu, ces ambitions traduisent une rupture nette avec les normes diplomatiques traditionnelles.
Le Groenland, riche en ressources naturelles et essentiel pour la défense arctique, figure en tête des priorités. L’administration Trump avait déjà entamé des négociations en 2019, mais la révélation publique de ces discussions avait stoppé tout progrès. Aujourd’hui, Trump se montre prêt à envisager des mesures coercitives, suscitant l’indignation du Danemark et de l’Union européenne, qui considère le territoire comme relevant de sa juridiction. Trump ambitionne également de reprendre le contrôle du canal de Panama, un point stratégique que les États-Unis avaient cédé en 1977. Critiquant les récentes augmentations tarifaires et l’implication croissante de la Chine, il affirme que cette infrastructure doit revenir sous influence américaine pour préserver les intérêts commerciaux et stratégiques des États-Unis. Les autorités panaméennes ont rejeté ces propositions, invoquant la souveraineté nationale et le droit international.
Parmi ses propositions les plus controversées, Trump a évoqué la possibilité d’annexer le Canada, qualifiant Justin Trudeau de « gouverneur Trudeau ». Bien que cette idée ait été accueillie avec sarcasme par Ottawa, elle reflète une vision plus large de l’utilisation de la pression économique et diplomatique pour remodeler les relations bilatérales. Trump a également menacé d’imposer des tarifs douaniers élevés pour réduire le déficit commercial américain.
Les risques d’un nouvel ordre mondial
Cette vision expansionniste s’inscrit dans une version remaniée de l’ »America First ». Elle cherche à répondre aux défis contemporains, tels que l’intelligence artificielle, le changement climatique et les rivalités géopolitiques croissantes. Cependant, elle pourrait aggraver les tensions avec des puissances comme la Chine et la Russie, augmentant les risques de conflits dans des zones sensibles comme Taïwan et l’Ukraine.
Si cette approche radicale promet de réaffirmer la suprématie américaine, elle soulève des questions sur sa compatibilité avec la stabilité mondiale et le respect du droit international. L’opinion publique et les décideurs politiques, à Washington comme ailleurs, seront divisés sur ces initiatives. En redéfinissant les relations internationales et les ambitions américaines, Donald Trump est prêt à laisser une empreinte durable sur la politique mondiale. Alors que les critiques s’élèvent, une chose est certaine : le second mandat de Trump ne manquera pas de bouleverser l’équilibre géopolitique existant.
*Traduit de l’anglais par l’IA