Bilan Géopolitique 2025: retour des empires et de la réaction, émergence de la guerre des drones

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By Olivier Bot

L’année 2025 est incontestablement marquée par le second mandat de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et par la mise en péril du multilatéralisme et de l’ordre géopolitique en place depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela a conduit à une perte de financement et d’influence des organes multilatéraux et notamment de la place onusienne genevoise. Cette année préfigure sans doute des crises humanitaires inédites, faute de moyen pour en réduire les effets.

2025, c’st aussi le retour de la doctrine Monroe à Washington, dans sa version trumpiste baptisée « ‘Donroe », affirmant la suprématie étasunienne sur le continent américain. Et l’affaiblissement de l’alliance transatlantique qui remet aussi en cause la fiabilité du caractère automatique de l’enclenchement de l’article 5 de l’OTAN, qui implique l’engagement de tous les pays signataires en défense d’un des membres qui serait attaqué.

Aux Etats-Unis, en Amérique du Sud (avecl’élection d’un admirateur de Pinochet 52 ans après le coup d’Etat militaire au Chili et celle de Milei en Argentine) , comme dans une Europe soumise au coups de cyberboutoir russe et américain, une poussée réactionnaire et autoritariste, antiwoke, anti immigration, s’est concrétisée par des mise à l’index d’intellectuels et d’opposants et un durcissement de la politique migratoire et l’augmentation des expulsions aux Etats-Unis. En Europe de l’Est, les ingérences russes ont fortement perturbé les processus démocratiques en Roumanie, en Georgie ou en Moldavie, tandis que les régimes en place en Hongrie et en Slovaquie font clairement le jeu de Moscou au sein de l’UE.

Les partis d’extrême droite progressent et sont associés au pouvoir en Europe du Nord ou dirigent comme en Italie. Les idées réactionnaires, en termes de moeurs, progressent, après une vague d’émancipation des minorités sexuelles, notamment.

En Europe, la crise politique et financière en France affaiblit l’Union européenne, tandis que s’enclenche dans plusieurs pays une volonté de réarmement face à la menace russe. L’Ukraine continue de résister face à l’agresseur russe dont l’économie commence à souffrir des sanctions et de l’ effort de guerre. Affaiblie par des affaires de corruption au coeur du pouvoir, l’Ukraine a perdu le soutien affirmé de l’administration Biden et doit faire avec les revirements de Trump, plus préoccupé de faire des affaires que d’obtenir de Moscou un accord de paix, auquel Poutine n’est d’ailleurs pas prêt en l’état.

Cette guerre ouverte en 2014 et amplifiée en 2022 a induit un fait majeur qui va changer durablement la stratégie militaire: la prééminence des drones sur le front comme dans les frappes en profondeur contre des installations énergétiques ou militaires et l’instillation de la terreur au sein des populations civiles délibérément ciblées, en rupture avec le droit de la guerre .

A la suite des attaques terroristes du 7 octobre en Israël, la guerre à Gaza et les bombardements au Liban, en Syrie ou en Iran, ainsi que la chute du régime de Bachar El Assad ont affaibli l’axe de résistance (les groupes armés soutenus par l’Iran) et le croissant chiite au Proche-Orient. La perte de puissance de l’Iran s’est aussi concrétisée par une attaque coordonnée des Etats-Unis et d’Israël contre ses installations nucléaires militaires, sans les affaiblir réellement. La guerre de Gaza a aussi conduit à un isolement d’Israël sur la scène internationale et a servi d’étincelle à une flambée antisémite décomplexée de l’extrême gauche ou dans les universités en Europe et aux Etats-Unis.

Dans le monde, un mouvement de révolte porté par la génération Z a fait tomber ou conteste des pouvoirs autoritaires au Sri Lanka, au Népal, au Bangladesh, aux Philippines, en Indonésie, à Madagascar ou au Maroc. L’échec des printemps arabes a conduit à de nouveaux régimes autoritaires en Tunisie, au départ des révolutions de 2011, comme en Egypte. En Syrie, l’ancien djihadiste au pouvoir tente de donner des gages de respectabilité tandis que les attaques contre les minorités alaouite, druze ou chrétienne secouent le pays.

En Afrique, le retrait de la France au Sahel, remplacée par de brutales milices russes qui se paient sur le pays et multiplient les crimes, sonne le retour des djihadistes du nord du Mali qui menacent à nouveau la capitale Bamako. La perte d’influence française se conjugue avec l’appétit de nouveaux acteurs dans la région, après la Chine ou l’Inde, comme la Turquie, Israël, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis (EAU) et l’Iran.

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