La Fondation pour Genève vient de présenter une étude portant sur l’impact du secteur international à Genève. Si elle met en avant l’importance et le rayonnement de la Genève internationale économique, elle alerte sur sa santé à plus long terme.
Mi-septembre, plusieurs députés du Grand conseil prennent place dans une salle de réception du Cercle du Rhône, restaurant situé en plein cœur de Genève. Ils sont réunis pour la présentation d’une étude portant sur l’impact du secteur international à Genève, menée par la Fondation pour Genève. L’un des pans de cette étude porte sur le volet économique de la Genève internationale. Laquelle ne se résume pas aux organisations gouvernementales ou aux missions permanentes, mais comprend également un tissu de petites et moyennes entreprises employant une part significative de la main-d’œuvre genevoise. Sans oublier les quelque 2’220 entreprises internationales, dont la moitié est domiciliée à l’étranger, ces dernières jouent un rôle majeur pour le dynamisme économique de la cité de Calvin. Livrant des chiffres d’avant la crise Covid, la Fondation pour Genève affirme que les firmes internationales installées dans le canton, environ 2’200 contre 931 en 2008. représenteraient plus de 150’000 emplois directs, et 75’000 places de travail indirectes. Soit près de 60% des emplois du canton. En 2019, elles ont généré une valeur ajoutée atteignant 32 milliards de francs sur le bassin franco-valdo-genevois, dont 21 milliards seulement pour le canton de Genève. Dans le même temps, elles ont permis de créer ou maintenir 180’000 emplois sur ce territoire transfrontalier.
Plusieurs inquiétudes majeures
Si elle salue le portrait globalement positif de la Genève internationale économique, la Fondation interpelle sur deux grands enjeux relatif au maintien de la bonne santé de cette Genève internationale économique: un contexte économique mondial en proie à de nombreux défis passés ou actuels (pandémie de Covid, difficultés d’approvisionnement en matières premières, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation) et un financement des organisations internationales de plus en plus restreint, sur fond de rigueur budgétaire et, parfois, de remise en question du multilatéralisme par certains décideurs politiques. «La conséquence est un risque de perte de dynamisme du secteur international et une réduction de sa taille par manque de financement, qui peut impacter l’ensemble des activités qui y sont directement et indirectement liées», alerte l’institution.
En outre, l’étude met en lumière une inquiétude: la baisse des dépenses des délégués de passage assistant à des conférences. Si le nombre de séances a augmenté, la durée moyenne des conférences au sein de la Genève internationale a diminué d’environ une demi-journée (1,8 jours en 2019 contre 2,3 jours en 2012). Cette diminution se fait ressentir sur les dépenses totales. En 2019, près de 83’400 délégués extérieurs ont visité Genève, Ces présences ont généré des dépenses à hauteur de 65 millions de francs, soit un manque à gagner de 14,8 millions de francs par rapport à 2012 pour les acteurs locaux.
Autre enjeu majeur pour Genève, alerte l’étude: la concurrence accrue pour l’accueil des organisations internationales et des entreprises multinationales. La solidité et l’attractivité de la Genève internationale économique doivent beaucoup aux conditions-cadres offertes aux entreprises, comme aux organisations, souhaitant venir s’installer à Genève et développer leurs activités. Cela inclut plusieurs facteurs: les aspects fiscaux et administratifs, l’accès à la main d’œuvre dans des domaines spécifiques, le cadre de vie ou des logements abordables et qualitatifs. Ce levier de développement dépend donc sur la capacité du canton à faire rester les acteurs qui y sont déjà présents, et non seulement à chercher à attirer de nouvelles organisations et entreprises.
Une déclaration conjointe des autorités hôtes de la Genève internationale, signée en 2019 par la Confédération, l’État de Genève et la Ville de Genève, réaffirme ainsi de manière forte l’engagement nécessaire des autorités fédérales, cantonales et communales pour le maintien de Genève comme centre névralgique des activités de coopération internationale. A cela s’ajoute l’harmonisation de l’imposition des bénéfices des grandes multinationales au sein de Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) acceptée en juin 2023. La Fondation pour Genève considère cette coordination comme «un pas en avant vers un maintien de conditions-cadres attractives et prévisibles à long terme pour les entreprises considérant établir leurs activités dans la région genevoise.» De quoi rassurer pour l’avenir?