Javier Milei : Un an de révolution ultralibérale en Argentine

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By Inès Armand

Depuis son accession à la présidence de l’Argentine en décembre 2023, Javier Milei, figure emblématique de l’ultralibéralisme, a engagé une transformation radicale du pays. Son programme, marqué par une réduction drastique de l’État et une orientation pro-marché affirmée, suscite à la fois admiration et critiques. « L’État est une machine à détruire la richesse, » déclarait-il lors de son investiture, préfigurant une gouvernance sans concession.

L’une de ses promesses phares était la dollarisation de l’économie pour contrer l’inflation galopante qui atteignait 193 % en octobre 2024. Pourtant, faute de réserves en devises, cette mesure n’a pas encore été pleinement mise en œuvre. Milei a toutefois permis une dollarisation spontanée des transactions. « Nous avons commencé à tuer l’inflation avec l’une des plus grandes réductions monétaires de l’histoire », affirmait-il en avril 2024.

Dans cette optique, il a réduit la taille de l’État en supprimant plusieurs ministères et en licenciant des milliers de fonctionnaires. En mai 2024, environ 25 000 emplois publics avaient déjà été supprimés. « Un État obèse est un frein à la croissance, » justifiait-il. Cette politique a pourtant suscité des inquiétudes quant à la précarisation des services publics.

Sur la scène internationale, Milei affiche une position tranchée. Aligné sur les États-Unis, il a annoncé un projet de « base navale intégrée » en Terre de Feu. Il s’attaque aussi violemment à l’ONU, dénonçant son « agenda woke » et appelant à un « agenda de la liberté ». Son discours d’octobre 2024 devant l’Assemblée générale des Nations unies, où il comparait certaines politiques internationales à un complot contre la liberté individuelle, a marqué les esprits.

Malgré une pauvreté qui atteint 55,5 % et une inflation persistante, Milei bénéficie encore d’un soutien populaire significatif. Le 9 juillet 2024, il a obtenu l’adhésion de dix-huit gouverneurs à son « Pacte de mai », un document en dix points visant à propulser l’Argentine vers un développement durable. Toutefois, la contestation s’intensifie. Des manifestations massives ont éclaté, comme celle du 1er février 2025, où des milliers d’Argentins ont défilé à Buenos Aires contre ses réformes jugées antisociales.

Après plus d’un an de mandat, le bilan de Javier Milei est contrasté. Si certains indicateurs économiques montrent des signes d’amélioration, les tensions sociales et politiques restent vives. L’Argentine est à un carrefour décisif : le pays pourra-t-il concilier la radicalité des réformes avec la stabilité sociale et institutionnelle ?

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