Source ONU Info
Plus de deux mois après le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël au Liban, et la chute du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, la situation à la frontière reste tendue. Les Casques bleus de l’ONU y jouent un rôle essentiel en surveillant l’application des accords et en prévenant d’éventuels incidents. Le général de division Patrick Gauchat, Chef de l’Organisme des Nations Unies pour la supervision de la trêve (ONUST), a fait le point sur les développements récents lors d’un entretien avec ONU Info.
Après la chute du régime syrien en décembre 2024, Israël a temporairement pris le contrôle de la zone tampon démilitarisée sur les hauteurs du Golan, estimant que l’accord de 1974 avec la Syrie n’était plus valable. Le ministre israélien de la Défense a annoncé que l’armée y resterait indéfiniment, ce qui constitue une violation signalée au Conseil de sécurité de l’ONU. « L’armée israélienne est entrée dans la zone démilitarisée, ce qui constitue une violation. Cette situation est discutée avec les parties concernées, y compris le nouveau gouvernement syrien », explique le général Gauchat. Israël a toutefois affirmé que cette présence était temporaire pour des raisons de sécurité.

L’ONUST et la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) continuent d’observer le respect du cessez-le-feu. « Notre travail consiste à rédiger des rapports circonstanciés pour documenter les changements sur le terrain. Les structures militaires ont changé, et notre mission est d’en rendre compte », précise le général. Avec la transition politique en Syrie, l’ONU engage le dialogue avec les nouvelles autorités, ainsi qu’avec les communautés locales, afin d’assurer un suivi constant de la situation.
Au Liban, la situation demeure précaire. L’accord de cessez-le-feu de novembre prévoyait un retrait israélien au 26 janvier 2025, mais ce délai n’a pas été respecté. « Les termes de l’accord sont parfois interprétés différemment, ce qui crée des tensions et retarde le retrait », explique le général Gauchat. Une nouvelle date a été fixée au 18 février. Malgré la réduction des opérations militaires, des incidents sporadiques persistent. « Nous observons des tirs occasionnels et des passages de civils non autorisés, ce qui augmente les frictions », précise le général.
Dans les villages libanais et syriens, les déplacés reviennent dans des zones dévastées. « Beaucoup ont perdu leurs maisons et leurs souvenirs. La reconstruction prendra du temps, et un soutien international sera crucial », souligne le général Gauchat. Alors que la région reste marquée par des tensions, la mission de maintien de la paix de l’ONU s’efforce de préserver une stabilité fragile. Toutefois, le respect des accords par toutes les parties reste un enjeu majeur pour garantir une paix durable.