Londres – Berne, le 4 mars 2025. Un nouveau rapport d’Amnesty International révèle l’ampleur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés par la Russie contre les prisonniers de guerre et les captifs civils ukrainiens. Selon l’organisation, ces derniers subissent des actes de torture, des disparitions forcées et des conditions de détention inhumaines, souvent en toute impunité.
Intitulé A Deafening Silence: Ukrainians held incommunicado, forcibly disappeared and tortured in Russian captivity, ce rapport démontre que depuis février 2022, des milliers d’Ukrainiens sont détenus en secret, privés de tout contact avec leurs proches et les organisations humanitaires. Amnesty International dénonce une politique systématique de la Russie visant à déshumaniser et faire taire ces captifs. « La torture est pratiquée dans un isolement total vis-à-vis du monde extérieur, les victimes étant entièrement à la merci de leurs geôliers pour survivre », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG.
Le rapport repose sur 104 témoignages recueillis entre janvier et novembre 2024 en Ukraine, incluant d’anciens prisonniers de guerre ukrainiens et russes, ainsi que les familles de personnes portées disparues. De nombreux proches restent sans nouvelles, victimes d’une angoisse insoutenable face au silence des autorités russes. « Je ne saurais pas où chercher mon époux ni où lui écrire. Ce trou noir, le fait de ne pas savoir, cela me tue », témoigne Olena Kolesnyk, dont le mari a été capturé en juillet 2024.
Si la Russie reconnaît parfois certaines détentions, elle dissimule systématiquement le sort de nombreux captifs, violant ainsi les Conventions de Genève. La disparition forcée de civils est utilisée comme une arme de terreur pour intimider les populations sous occupation. Khrystyna Makarchuk, dont le mari est apparu à la télévision russe sans que Moscou ne confirme sa détention, incarne cette détresse. Les civils, tout comme les prisonniers de guerre, subissent des traitements inhumains. Des témoignages décrivent l’utilisation de matraques électriques et le décès de prisonniers sous la torture. « Ils ont commencé à me torturer tout de suite… J’ai vu des gars mourir après ça. Leur cœur ne le supportait plus », raconte Volodymyr Shevchenko, un ancien prisonnier de guerre.
Face à ces violations, Amnesty International appelle la Russie à mettre fin à ces crimes et à respecter le droit international. L’organisation exige la libération des civils détenus illégalement et le rapatriement des prisonniers de guerre malades ou blessés. De plus, elle exhorte la communauté internationale à user de tous les moyens diplomatiques et juridiques pour faire pression sur Moscou. « Sans justice, les souffrances des prisonniers et de leurs familles ne pourront que s’aggraver », prévient Agnès Callamard.