Crise Iran–États-Unis : « Nous saluons le rôle de la Suisse », déclare l’ambassadeur iranien à Genève

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By La rédaction

Dans un contexte de vives tensions entre l’Iran, les États-Unis et Israël, l’ambassadeur iranien à Genève salue le rôle de médiateur que pourrait jouer la Suisse.

Ce matin, lors d’une conférence de presse tenue au Palais des Nations devant l’Association des correspondants accrédités auprès de l’ONU (ACANU), l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU à Genève, Ali Bahreini, a été interrogé sur le rôle éventuel que pourrait jouer la Suisse dans la crise actuelle. Il a répondu sans détour : « Nous saluons vraiment le rôle du gouvernement suisse pour jouer un rôle positif dans la résolution des tensions entre l’Iran et les États-Unis. » La Suisse représente officiellement les intérêts américains en Iran depuis 1980. « Elle a facilité l’échange de messages entre l’Iran et les États-Unis, et nous lui en sommes reconnaissants. »

Ali Bahreini n’a toutefois pas confirmé l’existence d’une médiation formelle en cours. Il reconnaît simplement que « certains pays tentent de lancer des initiatives pour restaurer le dialogue », sans citer la Suisse nommément, mais en laissant entendre qu’elle pourrait être un acteur clé. Si l’ambassadeur se montre ouvert à des discussions, il place toutefois des conditions claires : « La priorité pour le peuple iranien, c’est d’abord de faire cesser les attaques. Personne ne demande aujourd’hui au gouvernement d’Iran de changer ses priorités. »

Une agression massive, selon Téhéran

L’ambassadeur a longuement dénoncé les récentes attaques israéliennes contre son pays : « Nous faisons aujourd’hui face à une agression manifeste. Israël a attaqué sans avertissement des zones résidentielles, des infrastructures civiles, des hôpitaux, des réseaux d’eau et d’énergie. Plus de 220 personnes ont été tuées, dont des enfants et des femmes. » « Il s’agit d’une violation flagrante du droit international, du droit humanitaire, et de tous les principes fondamentaux de distinction et de proportionnalité. » « Nous n’avons pas l’intention de rester passifs. Personne ne peut s’attendre à ce que l’Iran reste indifférent à la défense de son peuple. Nous répondrons de manière ferme, proportionnée et dans le respect du droit international. »

Le nucléaire iranien reste « pacifique », assure l’Iran

Interrogé sur les niveaux d’enrichissement de l’uranium, l’ambassadeur a affirmé : « Notre programme nucléaire est exclusivement pacifique. Il ne s’agit pas d’une quête d’armes. L’Iran a toujours été transparent, et l’AIEA a confirmé à plusieurs reprises qu’il n’existait aucune preuve d’un volet militaire. » « L’enrichissement est notre droit souverain, et nous continuerons à le faire dans le cadre des besoins civils, comme la médecine ou l’énergie. » Quant aux attaques visant les infrastructures nucléaires, il a assuré : « Il n’y a eu aucun recul significatif. Nos installations sont protégées, sécurisées, et nos scientifiques poursuivent leur travail. La technologie nucléaire iranienne est entre les mains du peuple. »

L’ombre d’un retrait du TNP

L’ambassadeur a évoqué des débats internes en Iran sur l’adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) : « Oui, il y a des discussions, notamment au Parlement, sur le fait que le TNP n’a plus de crédibilité. Si le TNP sert à protéger ceux qui possèdent l’arme et à priver les autres d’un accès pacifique à la technologie, alors sa raison d’être est remise en cause. » Mais il précise : « Aucune décision n’a encore été prise. Ce sera au gouvernement de trancher. »

Tensions avec les États-Unis : une ligne rouge

Concernant une possible implication directe des États-Unis dans les hostilités, l’ambassadeur a été clair : « Nos forces surveillent de près la situation. Si une implication directe est constatée, il y aura une réponse. Nous n’avons pas besoin de groupes extérieurs pour nous défendre. Notre sécurité est entièrement souveraine. » À propos des déclarations belliqueuses venues de Washington, il a déclaré : « Nous surveillons attentivement les propos des responsables américains. Nous les considérons comme irresponsables et provocateurs. Si une ligne rouge est franchie, la réponse viendra. »

Israël, accusé de franchir toutes les limites

L’ambassadeur n’a pas mâché ses mots envers Israël : « Israël est un État criminel par nature. Il viole le droit international, le droit humanitaire et les résolutions de l’ONU depuis des décennies. Il possède un programme nucléaire militaire secret, hors de tout contrôle. » « Ce n’est pas seulement contre l’Iran qu’il agit. C’est contre toute la région, contre les Palestiniens, contre le droit. Et tout cela se fait avec l’impunité offerte par les États-Unis et l’inaction du Conseil de sécurité. »

Une ONU « paralysée »L’ambassadeur a exprimé un profond désaveu envers les Nations Unies :

« Le Conseil de sécurité est devenu l’organisation la plus inutile du système international. Il ne fait rien pour empêcher les crimes israéliens. » « Même au sein de l’ONU, beaucoup sont inquiets pour la crédibilité de l’organisation. Si elle ne peut pas faire respecter le droit, à quoi sert-elle ? »

Une société résiliente, unie, en alerteMalgré la gravité de la situation, l’ambassadeur s’est voulu rassurant sur la capacité de résistance de son pays :

« La solidarité du peuple iranien est sans précédent. Même ceux qui critiquent le gouvernement soutiennent aujourd’hui la défense nationale. » « Nous avons réparé rapidement les infrastructures touchées. Nos scientifiques, nos ingénieurs, notre défense : tout est mobilisé. »

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