Hydrocarbures : l’arme de guerre de Haftar et du Kremlin? 

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By Imen Chaanbi

L’annonce de la fermeture des terminaux pétroliers risque de précipiter le pays dans une guerre ouverte entre les deux gouvernements.  

Le gouvernement autoproclamé de Haftar a déclaré « l’état de force majeure sur tous les champs pétrolifères, navires, institutions et installations », et a suspendu « la production et l’exportation de pétrole jusqu’à nouvel ordre ». Le maréchal Haftar avait repris les principaux terminaux pétroliers dont Al Sharara et El Fil, lors de l’opération « l’opération Déluge de la dignité ». Soutenu par la Russie, l’Égypte et les Émirats Arabes Unis, il exerce actuellement son contrôle sur la Cyrénaïque et une partie du Fezzan, régions riches en ressources pétrolières et gazières. 

Pour rappel, le pays produit 1,15 millions de barils par jour. Les hydrocarbures représentent 97% des exportations et 97% des revenus de l’État. 

L’annonce a déclenché une onde de choc sur le marché du pétrole. Les prix du pétrole ont augmenté de 3% depuis l’annonce faite par Oussama Hammad, Premier ministre du gouvernement de l’est. 

Selon Oussama Hammad, cette décision est une « réponse aux attaques contre les dirigeants et les employés de la Banque centrale de Libye, par des groupes hors-la-loi, et à l’instigation et avec l’aide du Conseil présidentiel usurpé ». Même si la NOC (National Oil Corporation) n’a pas confirmé cette décision, la Waha Oil Company a informé « qu’elle réduirait progressivement sa production de pétrole » en raison de pressions extérieures. 

Le gouvernement de l’est a par ailleurs imposé « un état de force majeur » et ce jusqu’à nouvel ordre. 

Il est crucial de reconnaître, outre la stratégie du maréchal Haftar visant à contraindre le gouvernement d’Abdelhamid Dbeiba à démissionner, l’influence russe dans les décisions du maréchal.  

Effectivement, le contexte mondial est actuellement défini par la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien. Un autre conflit ouvert risquerait de provoquer un 3ème choc pétrolier (guerre contre l’Iran). Cela se traduirait par une augmentation des prix et, ensuite, par une inflation qui aurait des effets considérables sur l’économie européenne. 

Les hydrocarbures constituent une arme de guerre pour les Russes qui continuent à affronter ses principaux ennemis par procuration.  La présence militaire russe et le contrôle des ressources naturelles des pays du Sahel, qui échangent avec l’Europe, y compris la France, révèlent une fois de plus l’ingéniosité politique du Kremlin. 

Les visites récentes « d’envoyés spéciaux américains » en Tunisie et l’intensification de la coopération militaire entre la Tunisie et les États-Unis pourraient être le signe d’un remaniement stratégique dans l’une des régions les plus prisées du monde… 

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