Trois mois après les hostilités avec Israël, l’Iran connaît une vague de répression sans précédent. Selon Amnesty International et Human Rights Watch, plus de 20 000 personnes ont été arrêtées depuis la mi-juin, dans ce que les ONG dénoncent comme une offensive brutale menée au nom de la « sécurité nationale ».
Les autorités iraniennes ciblent une large gamme de personnes : opposant·e·s, journalistes, défenseur·e·s des droits humains, proches de victimes de violences policières, mais aussi étrangers et membres de minorités ethniques ou religieuses.
« Alors que la population tente de se remettre du conflit armé, les autorités se livrent à une répression terrifiante », alerte Sara Hashash, directrice régionale adjointe d’Amnesty International.
Depuis juin, au moins neuf hommes ont été exécutés pour motifs politiques ou pour espionnage présumé au profit d’Israël. Le Parlement discute en outre d’une loi visant à élargir encore le recours à la peine capitale, notamment pour des charges formulées en termes vagues comme « coopération avec des États hostiles ».
La répression frappe durement les minorités. Dans la province du Sistan-et-Baloutchistan, deux femmes baloutches ont été tuées lors d’un raid, et dix autres blessées. Plus de 700 Kurdes et Arabes ahwazis ont été arrêtés dans l’ouest et le sud du pays.
Les autorités s’en prennent aussi aux Afghan·e·s, expulsés massivement, ainsi qu’aux communautés baha’ie, juive et chrétienne, accusées d’espionnage ou de liens avec Israël. « Cette répression brutale contre un peuple déjà traumatisé par la guerre laisse présager une catastrophe imminente en matière de droits humains », avertit Michael Page, directeur adjoint de Human Rights Watch.
Les forces de sécurité ont multiplié les contrôles routiers, souvent transformés en lieux d’arrestations arbitraires. Plusieurs incidents mortels ont été recensés : à Khomein, le 17 juillet, quatre membres d’une famille, dont une fillette de trois ans, ont été abattus alors qu’ils tentaient de franchir un barrage.
Ces recours à la force meurtrière violent le droit international, rappellent les deux ONG, qui demandent l’instauration immédiate d’un moratoire sur les exécutions et la libération des détenu·e·s arbitraires.
Amnesty et Human Rights Watch appellent la communauté internationale à ne pas rester passive. Les ONG exhortent les États à engager des poursuites, en vertu du principe de compétence universelle, contre les responsables présumés de crimes internationaux commis par les autorités iraniennes.