Les images de l’échange tendu entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et son vice-président JD Vance sont désormais entrées dans l’Histoire. Elles ont déclenché une avalanche de réactions et de commentaires. Une chose est certaine : les États-Unis ne sortent pas grandis de cet épisode. L’Amérique ne fait plus rêver.

Pendant des décennies, Hollywood nous a vendu une image policée et ripolinée de l’American way of life et d’une Amérique chantre de la liberté. Pour les Européens, le réveil est douloureux. Par la voix de Donald Trump, l’Amérique réclame son dû, une facture toutes taxes comprises, avec un rappel sur les arriérés. On s’est souvent moqué des westerns spaghettis, mais ils offraient sans doute une vision plus réaliste de l’Amérique que les films de John Ford. Le personnage incarné par Henry Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest se révèle bien plus proche de la réalité que ceux interprétés par John Wayne. Trump est un personnage de western spaghetti. On peut se rassurer en se souvenant que, dans ces films, le méchant finit toujours mal. Mais en attendant, c’est lui le maître du jeu.
La liste des figures auxquelles on peut comparer Trump est longue : le Joker dans Batman, un chef mafieux dans Les Affranchis… De quoi alimenter les plumes des éditorialistes. Mais si l’on veut aller plus loin, il faut replacer cet épisode dans le temps long. Certes, Donald Trump compte des partisans jusque sur le Vieux Continent, certains estimant qu’il faut « atomiser » le système. Ce sont les idiots utiles. L’Histoire sera sévère avec eux, car on ne peut pas défendre l’indéfendable. Et nul besoin de lire dans le marc de café pour prédire le crash de cette Amérique-là. Peut-être y a-t-on déjà assisté. Car c’est un effondrement en direct des valeurs américaines auquel nous avons été témoins. Un effondrement dont les conséquences pourraient être bien plus profondes que celles de la chute des tours jumelles du World Trade Center.
Pousser jusqu’au bout la remise en cause de l’Alliance atlantique aurait des implications colossales. Cette alliance repose sur un socle de valeurs que d’autres alliances, fondées uniquement sur des intérêts économiques, ne sauraient remplacer. L’Amérique de Trump s’engage sur une voie qui, à terme, pourrait la conduire à rompre avec les principes démocratiques. Or, ce n’est tout simplement pas le sens de l’Histoire.
La période que nous traversons est déstabilisante et, par bien des aspects, effrayante. Mais c’est aussi celle des rendez-vous avec la destinée. Churchill et De Gaulle ont émergé dans la nuit. Les peuples ont repris leur destin en main lorsque tout semblait perdu. L’Histoire, toujours, finit par remettre les choses à leur place.