Les Ukrainiens en exil face à l’impasse

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By La rédaction

Trois ans après le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, des millions d’Ukrainiens déplacés se trouvent à un point de rupture. Confrontés à une détresse économique croissante et à un soutien international en déclin, beaucoup peinent à subsister à l’étranger, tandis que le retour en Ukraine signifie plonger dans l’incertitude et l’insécurité.

Selon un rapport récent de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), réalisé en partenariat avec IMPACT Initiatives et plusieurs Sociétés nationales de la Croix-Rouge, y compris celle d’Ukraine, la situation des déplacés devient alarmante. L’étude révèle que plus d’un quart des personnes retournant en Ukraine s’installent près des zones de combat, où la sécurité est précaire. Les raisons de ces retours varient : le besoin de retrouver leurs familles, des contraintes économiques, mais aussi, de manière plus inquiétante, l’épuisement financier et un accès limité aux services essentiels dans les pays d’accueil. Parmi ces motifs, 13 % des personnes interrogées mentionnent l’accès aux soins médicaux et 10 % l’éducation.

Les défis auxquels sont confrontés les Ukrainiens de retour sont immenses. Plus de 65 % retrouvent des logements endommagés ou inhabitables, les obligeant à reconstruire leur vie dans un contexte de guerre. Les infrastructures sont gravement détériorées et les alertes aux raids aériens rythment leur quotidien. Le rapport met en lumière que 79 % des personnes revenues dans ces zones ont des besoins humanitaires urgents, qu’il s’agisse de nourriture – 23 % ont réduit leurs repas faute de ressources – ou d’assistance pour retrouver un emploi. Malgré tout, certains reviennent par volonté de participer à la reconstruction de leur pays, malgré les dangers et les conditions de vie difficiles.

À l’étranger, la situation des Ukrainiens exilés est tout aussi critique. L’épuisement des économies personnelles pousse de nombreuses familles à s’endetter pour survivre. Dans des pays comme la Roumanie, des ménages autrefois autonomes peinent désormais à payer leurs courses, leur loyer et leurs soins de santé. En Moldavie, 36 % des Ukrainiens déplacés dépendent aujourd’hui de l’aide humanitaire comme principale source de revenus.

Les personnes âgées sont parmi les plus vulnérables. Privées de leur réseau social et de leurs repères, elles se retrouvent souvent dans des hébergements temporaires, tributaires d’une assistance déjà sous pression. Seuls 27 % des seniors ukrainiens vivant à l’étranger disposent d’un logement privé. Pour ceux souffrant de maladies chroniques, l’absence de soins médicaux adéquats peut être dramatique : 18 % des déplacés âgés signalent des besoins urgents en matière de santé. Sans accès aux traitements nécessaires, des pathologies comme l’hypertension ou le diabète deviennent de véritables menaces pour leur survie.

L’intégration professionnelle des Ukrainiens exilés demeure un défi majeur. La barrière de la langue les empêche d’accéder à des emplois qualifiés, les confinant à des postes précaires. Selon le rapport, 63 % des Ukrainiens à l’étranger occupent aujourd’hui des emplois d’entrée de gamme, contre seulement 23 % avant l’escalade du conflit. Ce déclassement professionnel a un impact direct sur leur qualité de vie et leurs perspectives d’avenir.

Face à cette crise, l’IFRC et son réseau de 60 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge déploient l’une des plus vastes opérations humanitaires de leur histoire. En Ukraine, des aides financières sont distribuées pour éviter que les familles vulnérables ne sombrent dans l’endettement. L’organisation fournit nourriture, abris et soins médicaux, tout en mettant en place des stations de chauffage et en distribuant des kits d’hygiène et des couvertures pour affronter l’hiver. Par ailleurs, un programme de soutien psychologique à grande échelle tente d’atténuer les traumatismes engendrés par le conflit.

Dans les pays d’accueil, l’IFRC s’emploie à renforcer l’intégration des Ukrainiens à travers des cours de langue, des formations professionnelles et une assistance juridique. Malgré ces efforts, les besoins humanitaires restent immenses et les ressources se tarissent. Parallèlement, des changements de politique dans certains pays hôtes restreignent l’accès aux aides pour les Ukrainiens, compliquant encore leur situation.

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