Par Ezzeddine ZAYANI, ancien ambassadeur de Tunisie, président du centre tunisien des études pour la sécurité globale
Le Soudan, riche de ses terres fertiles, de ses ressources naturelles abondantes et d’une culture profondément enracinée, s’enfonce dans une guerre civile brutale sous les yeux d’un monde indifférent.

Depuis plus de deux ans, les combats opposent l’armée régulière aux Forces de soutien rapide. Les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti », s’affrontent sans relâche dans une lutte pour le pouvoir, sans la moindre volonté de compromis. Ni l’un ni l’autre ne cherche une issue pacifique. Au contraire, chacun semble prêt à aller jusqu’au bout, même au prix de massacres et d’atrocités, pour éliminer son rival.
Le conflit a plongé le pays dans une crise humanitaire dramatique. Des milliers de civils sont tués, des millions déplacés, et la famine menace de vastes régions. Le Soudan, qui aurait pu être un modèle de prospérité en Afrique, est aujourd’hui au bord de la désintégration.
Les deux camps sont désormais perçus comme faisant partie du problème. Ni l’armée, ni les paramilitaires ne peuvent incarner l’avenir du pays. Il devient donc impératif de tracer une troisième voie : une alternative civile, portée par les forces politiques et sociales soudanaises.
Cette option, seule crédible, passe par un dialogue national inclusif, soutenu par la communauté internationale. L’objectif : former un gouvernement de transition consensuel, légitime, capable de mener des réformes structurelles. Cela implique notamment la refonte des forces armées, leur retour à une mission strictement républicaine, et la préparation d’élections libres.
Le peuple soudanais a un rôle central à jouer. Il doit refuser la division ethnique et régionale héritée du régime d’Omar el-Béchir, dont les deux généraux sont les héritiers directs. La paix durable ne viendra que d’un rejet total de cette logique de domination.
En résumé, seule une transition civile inclusive peut mettre fin à la guerre et permettre au Soudan de retrouver sa place parmi les nations stables et influentes du continent africain.