Un rapport révèle un risque imminent de chaos dans l’aide humanitaire

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By La rédaction

Un document diffusé ce lundi met en lumière la gravité de la situation si l’administration américaine ne revenait pas sur sa décision de bloquer les financements qui vont à l’aide humanitaire. Le spectre d’un blocage administratif et d’une absence de contrôle exposent des milliards de dollars « à la corruption, à la fraude et à la perte pure et simple » souligne le rapport Bureau de l’inspecteur général pour l’Agence américaine pour le développement international (USAID).

Ses auteurs affirment que les récentes décisions de suspension de l’aide étrangère et les coupes drastiques dans les effectifs de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ont plongé les opérations humanitaires dans une crise sans précédent. Près de 90 % du personnel du Bureau de l’aide humanitaire (BHA) de l’USAID ont été mis en congé administratif ou licenciés, ce qui a pratiquement stoppé les mécanismes de contrôle et de distribution de l’aide.

Le document révèle que 8,2 milliards de dollars de fonds humanitaires déjà engagés restent aujourd’hui non distribués en raison de l’incertitude administrative. Dans le même temps, des stocks massifs de nourriture destinés aux populations vulnérables sont laissés à l’abandon. À travers le monde, près de 500 000 tonnes de vivres sont actuellement bloquées dans des ports, des entrepôts ou en mer, exposées à la détérioration, au vol et aux détournements.

Autre fait alarmant : les mécanismes de vérification anti-terroriste des organisations humanitaires partenaires de l’USAID ont été suspendus. Les ONG opérant dans des zones à haut risque comme Gaza, le Yémen ou l’Afghanistan ne sont plus soumises aux protocoles de vérification qui visaient à empêcher le financement indirect de groupes terroristes comme Hamas, Hezbollah, ISIS ou les Houthis. La décision de suspendre le service de surveillance externe, qui permettait de vérifier si l’aide était bien distribuée aux populations ciblées, expose les fonds américains à des détournements massifs. Le rapport interne souligne également l’effondrement des capacités de réponse aux dénonciations de fraude et de corruption. Jusqu’à récemment, les partenaires humanitaires devaient signaler tout détournement de fonds ou de ressources, permettant ainsi à l’USAID d’intervenir pour limiter les pertes. Mais la mise au repos forcé des employés empêche désormais toute réaction aux alertes, laissant le champ libre aux abus.

Face à cette situation, le rapport conclut que les États-Unis ont perdu la main sur la distribution et le contrôle de leur aide humanitaire, et ce, au moment même où les besoins sont les plus urgents dans plusieurs crises humanitaires mondiales. Le danger immédiat est double : d’un côté, l’aide ne parvient plus aux populations en détresse ; de l’autre, des sommes colossales risquent d’être détournées vers des acteurs malveillants, aggravant des conflits déjà meurtriers. Les conséquences de cette paralysie pourraient être catastrophiques. En bloquant ses propres fonds et en neutralisant ses outils de contrôle, l’USAID crée une zone grise où la corruption, les détournements et la famine risquent de s’entrelacer dans un engrenage destructeur.

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