Élection du 18 mai à l’OMS-Afrique : un scrutin discret aux enjeux géopolitiques majeurs

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By La rédaction

Derrière l’apparente technicité d’une élection au sein de l’OMS se jouent des équilibres géopolitiques déterminants pour l’Afrique. Alors que le continent fait face à des crises sanitaires, budgétaires et diplomatiques multiples, le choix du prochain Directeur régional de l’OMS-Afrique ne relève pas simplement de la gouvernance médicale. Il déterminera la voix de l’Afrique dans les arènes de négociation mondiales, son autonomie sanitaire, et la nature de ses relations futures avec ses partenaires stratégiques, notamment la France. Dans ce contexte, l’émergence d’un candidat comme le Dr Mohamed Lamine Dramé pourrait bien rebattre les cartes. Sans soutien politique actif de son gouvernement, il incarne un outsider aux qualités rares, capable de faire bouger les lignes.

Formé en médecine à Cuba, titulaire de deux maîtrises européennes en santé publique, d’un doctorat en Health Policy & Global Health (Lisbonne), et fort d’un certificat en diplomatie du développement (Irlande), le Dr Mohamed Lamine Dramé combine un ancrage africain profond avec une ouverture internationale rare. Sa carrière de plus de quarante ans traverse les systèmes de santé locaux de la Guinée, où il a dirigé des districts sanitaires dans des zones reculées, les grandes institutions de coopération (OMS, GIZ, Enabel, Banque mondiale), ainsi que les cénacles académiques européens à Heidelberg, Louvain ou Lisbonne. Il a coordonné des programmes régionaux couvrant jusqu’à 27 pays d’Afrique, mené des missions de haut niveau dans toutes les régions linguistiques du continent, et travaillé avec les cinq bureaux régionaux de l’OMS à travers le monde.

Sa candidature s’inscrit dans un tournant historique pour la santé africaine. L’effondrement de l’aide extérieure, notamment le désengagement massif des États-Unis, menace la viabilité de nombreux programmes de santé. Dr Dramé transforme ce contexte critique en opportunité stratégique : il propose un « New Deal pour le financement de la santé » en Afrique, fondé sur des mécanismes innovants de mobilisation de ressources, incluant la diaspora, les obligations d’impact, le mécénat africain, les partenariats public-privé, le co-branding solidaire et des campagnes numériques à fort impact. Cette vision ne se limite pas à la technique : elle redéfinit les rapports de force Nord-Sud et repositionne l’Afrique comme co-investisseur souverain de sa santé, plutôt qu’éternelle bénéficiaire dépendante de l’aide internationale.

L’élection de mai prochain est également cruciale pour les relations entre l’Afrique et la France. Dans un contexte où Paris tente de redéfinir ses partenariats avec le continent sur fond de désengagement militaire, de critiques post-coloniales et d’effritement de son influence, cette échéance est l’occasion pour la France de soutenir une candidature africaine crédible, indépendante et techniquement irréprochable. Appuyer un profil comme celui du Dr Dramé, francophone et multilingue, serait un geste fort pour affirmer un partenariat renouvelé et plus respectueux, en phase avec les aspirations des jeunesses africaines et des élites techniques locales. C’est aussi un moyen concret de réaffirmer l’importance de la francophonie sanitaire dans un contexte de compétition internationale accrue, notamment avec la Chine, la Turquie ou les puissances du Golfe.

La plupart des candidats en lice sont soutenus officiellement par leurs États et insérés dans des logiques diplomatiques régionales. Le Dr Dramé, quant à lui, avance sans machine étatique, porté uniquement par son expertise, la profondeur de son réseau et le respect qu’il inspire dans les cercles professionnels. Ce statut d’indépendant en fait un candidat potentiellement plus fédérateur, à même de transcender les clivages politiques ou linguistiques, et de représenter une véritable alternative dans un scrutin souvent verrouillé.

Son projet repose sur la refondation des soins primaires, le renforcement de la résilience sanitaire, l’intégration de l’intelligence artificielle et de la e-santé, la modernisation de la gouvernance de l’OMS-Afrique et une diplomatie sanitaire panafricaine proactive. Son profil académique rigoureux, avec de nombreuses publications scientifiques, et son ancrage institutionnel africain (il préside une ONG, dirige un cabinet de conseil en Guinée, et enseigne dans plusieurs universités), en font un leader enraciné et crédible, capable d’incarner le renouveau du multilatéralisme sanitaire africain.

L’Afrique est à un carrefour historique. Le scrutin du 18 mai ne désignera pas seulement un gestionnaire technique : il désignera une voix. Celle qui portera, dans les années à venir, la légitimité du continent dans les grandes discussions sur la santé mondiale.

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