financement des droits de l’homme : l’ONU dans l’incertitude face à Trump

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By La rédaction

Avec le retour potentiel de Donald Trump à la Maison-Blanche, les financements de l’ONU et des droits de l’homme à Genève pourraient être sérieusement menacés. Une perspective qui inquiète alors que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a récemment lancé un appel de fonds de 500 millions de dollars pour 2025, après n’avoir obtenu que 269 millions en 2024, bien en deçà des besoins estimés.

L’année 2024 a déjà marqué une baisse des contributions au HCDH, avec un déficit de 4 % par rapport à l’année précédente. Ce manque de financements entrave directement les actions menées par l’ONU dans des zones de crise, où les violations des droits fondamentaux sont légion. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a souligné l’importance cruciale de ces fonds pour surveiller les abus, soutenir les victimes et plaider pour la justice et la reddition des comptes.

Les chiffres de l’année écoulée témoignent de l’ampleur du travail accompli : 11.000 missions de surveillance, 1.000 procès observés, 15.000 violations documentées et 49.000 survivants de la torture soutenus. À cela s’ajoute un effort considérable pour promouvoir une économie fondée sur les droits humains dans plusieurs pays, du Cambodge à la Serbie. Or, sans financements suffisants, ces initiatives sont vouées à s’amenuiser, voire disparaître.

Trump et son désengagement des institutions internationales

L’administration Trump s’est déjà illustrée par un retrait brutal du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2018, qualifiant l’institution de « biaisée » et critiquant son fonctionnement. La crainte d’un second mandat de Trump repose sur son isolationnisme assumé et son rejet des engagements multilatéraux. Un retour au pouvoir de l’ex-président pourrait signifier une réduction, voire une suppression, des financements américains à l’ONU, dont les États-Unis sont historiquement l’un des principaux contributeurs.

Un tel scénario risquerait d’aggraver la situation financière du HCDH, mettant en péril son travail de monitoring et d’intervention dans les conflits en cours, notamment en Ukraine, au Soudan, en Palestine et en République démocratique du Congo. Sans moyens, les violations des droits humains risquent de ne plus être documentées, renforçant ainsi l’impunité des régimes autoritaires et des groupes armés.

Face à cette menace imminente, la communauté internationale est appelée à prendre ses responsabilités. Volker Türk a exhorté les 67 États donateurs du HCDH à renforcer leur engagement, mais cela suffira-t-il à compenser une éventuelle défection américaine ? La question demeure préoccupante.

Les ONG et les défenseurs des droits de l’homme mettent en garde contre les conséquences d’un affaiblissement de l’ONU. « Si les financements sont encore réduits, des milliers de victimes resteront sans aide et sans voix », avertit un responsable d’Amnesty International. Les pays européens, en particulier, pourraient être amenés à augmenter leur contribution pour éviter un effondrement du système onusien de protection des droits fondamentaux.

Alors que le monde est traversé par des tensions géopolitiques croissantes, l’avenir du financement des droits de l’homme à Genève est plus incertain que jamais. L’année 2025 pourrait être décisive pour l’avenir du HCDH et, plus largement, pour la défense des libertés fondamentales à l’échelle mondiale.

*Source ONU

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