Dans un contexte international marqué par des conflits persistants, une remise en question croissante du multilatéralisme et des atteintes flagrantes aux droits de l’homme, la 59e session ordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies s’ouvre à Genève du 16 juin au 9 juillet 2025. Ce rendez-vous, qui se tiendra sous la présidence de l’ambassadeur suisse Jürg Lauber, revêt une importance particulière, tant les principes fondamentaux du droit international et humanitaire semblent aujourd’hui fragilisés.
Durant près d’un mois, le Conseil abordera les situations des droits de l’homme dans plus de quarante pays, à travers 32 débats interactifs et l’examen de plus de soixante rapports. Cette session s’annonce d’une intensité rare, alors que plusieurs zones du globe connaissent des violations systémiques et généralisées des droits fondamentaux, souvent dans l’impunité la plus totale.
Dès l’ouverture, le Haut-Commissaire Volker Türk dressera un tableau global de la situation des droits de l’homme dans le monde, une prise de parole attendue dans un climat de tension croissante. Le même jour, les situations en Afghanistan, en Érythrée et dans l’est de la République démocratique du Congo feront l’objet de discussions spécifiques, illustrant l’ampleur des défis en matière de protection des civils et de reddition des comptes.
Le cas du Territoire palestinien occupé, au cœur d’une crise humanitaire et politique profonde, sera également scruté de près, avec la présentation du rapport de la Commission d’enquête sur Israël et les territoires occupés. La session reviendra sur cette question le 3 juillet, lors d’un dialogue avec la Rapporteuse spéciale. À cela s’ajoutent des discussions cruciales sur le Soudan, la Syrie, le Venezuela, le Nicaragua, le Myanmar, la République centrafricaine ou encore le Bélarus et le Burundi, pays où les violations massives des droits humains appellent une vigilance constante.
La session mettra également l’accent sur les formes contemporaines de répression et d’inégalités : liberté d’expression, exécutions extrajudiciaires, traite des êtres humains, pauvreté extrême, discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou le genre, indépendance judiciaire, ou encore droits des migrants. Ces thématiques, souvent reléguées au second plan dans l’urgence géopolitique, sont pourtant au cœur des dynamiques d’oppression qui minent les sociétés.
Le débat annuel sur les droits des femmes, programmé le 24 juin, illustrera cette volonté de faire avancer les droits en dépit des reculs observés dans de nombreuses régions du monde. De même, le Conseil abordera les défis environnementaux, en particulier les effets du changement climatique sur les droits humains, et consacrera une table ronde à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, des enjeux devenus critiques dans plusieurs régions affectées par la sécheresse, les conflits ou la mauvaise gouvernance.
Cette session se déroule à un moment charnière pour le système multilatéral, de plus en plus contesté. L’Examen périodique universel (EPU), qui évaluera quatorze pays du 30 juin au 2 juillet, demeure l’un des rares mécanismes inclusifs et non conflictuels du Conseil. Il rappelle que malgré les fractures, le dialogue reste possible et nécessaire pour bâtir une responsabilité collective en matière de droits de l’homme.
Face à la résurgence des conflits, à l’érosion du droit humanitaire et aux attaques contre les normes internationales, cette 59e session est un test de la capacité du Conseil à rester pertinent. Le monde observe : dans les salles du Palais des Nations, c’est aussi l’avenir de la coopération internationale qui se joue, entre espoirs fragiles et nécessité absolue d’agir.