Guinée : L’ex-bâtonnier Mohammed Traoré enlevé et torturé

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By La rédaction

L’indignation est vive après l’enlèvement brutal et la torture de Me Mohammed Traoré, ancien bâtonnier de Guinée et figure éminente de la défense des droits humains. Le Groupe d’Intervention Judiciaire SOS Torture en Afrique (GIJ) a fermement condamné ces violences, appelant à une enquête rigoureuse et indépendante. L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a également relayé l’information et soutenu cet appel.

Les faits remontent à la nuit du 20 au 21 juin. Sept hommes armés et encagoulés ont fait irruption au domicile de Me Traoré à Conakry. Sa fille, présente lors de l’attaque, a été frappée. L’avocat a ensuite été emmené de force vers un lieu inconnu. Il a été retrouvé quelques heures plus tard à Bangouya, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, le dos lacéré de plaies et dans un état de choc avancé.

Une violence d’État ?

Le rapport publié par SOS Torture décrit un traitement d’une cruauté inouïe : passages à tabac, 500 coups de fouet, tentative d’asphyxie, menaces de mort et humiliations. Selon l’organisation, ces actes porteraient la signature d’agents du Conseil National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), la junte militaire au pouvoir dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.

Me Traoré, avocat engagé et critique assumé du régime, est un ancien membre démissionnaire du Conseil national de la transition. Son enlèvement s’inscrit, selon le GIJ, dans un climat de répression croissante visant les voix dissidentes : une dynamique déjà observée avec le cas d’Abdoul Sacko, militant enlevé et torturé en février dernier.

Violation manifeste du droit international

Les actes dénoncés constituent une violation flagrante de la Charte de la transition guinéenne, notamment de son article 11 qui interdit la torture, ainsi que de la Convention des Nations unies contre la torture, que la Guinée a ratifiée. Le GIJ insiste : « Ces violences visent à punir et intimider un acteur de la société civile, connu pour sa défense de l’État de droit. »

L’organisation appelle les autorités guinéennes à rompre avec la culture de l’impunité et à traduire en justice les auteurs de ces actes. Le Parquet de Dixinn a annoncé l’ouverture d’une enquête le 23 juin, mais les observateurs craignent une instruction biaisée, sous contrôle du pouvoir militaire.

Une affaire qui résonne au-delà des frontières

L’affaire Traoré n’est pas passée inaperçue à l’international. L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), l’un des plus grands réseaux de lutte contre les traitements inhumains, a repris et diffusé l’alerte, renforçant la pression sur les autorités guinéennes.

Pour SOS Torture et l’OMCT, le sort réservé à Me Traoré est emblématique d’un recul dramatique des libertés en Guinée. Ils réclament des garanties immédiates pour la sécurité des défenseurs des droits humains et une réponse judiciaire à la hauteur de la gravité des faits.

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