Alors que l’Organisation des Nations Unies célèbre son 80e anniversaire, son Secrétaire général, António Guterres, a lancé un vibrant appel à Berlin pour repenser et renforcer les opérations de maintien de la paix. Confrontée à une multiplication des conflits et à des défis inédits, l’ONU exhorte les États membres à un engagement politique, financier et stratégique renouvelé.
À l’occasion d’une réunion ministérielle sur l’avenir du maintien de la paix organisée à Berlin, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel solennel aux États membres pour revitaliser les opérations de maintien de la paix, alors que l’organisation célèbre son 80e anniversaire dans un climat mondial marqué par une recrudescence des conflits.
Face à une assemblée de ministres des Affaires étrangères et de la Défense, António Guterres a remercié l’Allemagne pour son rôle d’hôte et a salué l’engagement collectif en faveur de la paix, rappelant que les Casques bleus restent l’un des symboles les plus puissants de la solidarité internationale. Présents dans des zones de conflit majeures, ils s’efforcent de protéger les civils, faire respecter les cessez-le-feu, faciliter l’aide humanitaire et poser les bases d’une paix durable.
Mais, a averti le Secrétaire général, ces efforts se heurtent à des défis « complexes, entrelacés et de plus en plus transnationaux ». La désinformation ciblant les forces de paix, les menaces terroristes, le crime organisé, la crise climatique et les violations persistantes du droit international rendent les missions plus difficiles et dangereuses.
Depuis la création des missions de maintien de la paix, 4 400 Casques bleus ont perdu la vie en service. Un moment de silence a été observé à Berlin pour honorer leur mémoire. Le Secrétaire général a souligné que le maintien de la paix repose sur un engagement collectif, tout en insistant sur la nécessité de moderniser les approches et d’adapter les mandats aux réalités actuelles.
Guterres a articulé son discours autour de trois axes essentiels. D’abord, adapter les missions aux défis contemporains. Le Pacte pour l’avenir inclut une révision des opérations de paix. Il s’agit de rendre ces missions plus souples et adaptées à des contextes où la paix est souvent absente. Des exemples tels que l’UNIFIL au Liban, la MINUSCA en Centrafrique et la MONUSCO en RDC illustrent la résilience et l’engagement des forces onusiennes malgré des contextes très instables.
Ensuite, améliorer l’utilisation des ressources. Le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité de mandats clairs et de financements stables. Alors que les contraintes budgétaires s’aggravent, il appelle à plus de flexibilité dans la gestion des ressources humaines et logistiques, ainsi qu’à une meilleure coordination avec les États contributeurs de troupes.
Enfin, renforcer le soutien politique. Sans solution politique, a-t-il averti, « les opérations de paix sont vouées à l’échec ». Il exhorte les États membres à s’engager en faveur de solutions durables, à fournir un appui politique fort, et à garantir la sécurité et la protection juridique du personnel onusien.
Le budget des opérations de maintien de la paix représente moins de 0,5 % des dépenses militaires mondiales, a rappelé le Secrétaire général, en soulignant leur efficacité et leur coût relativement faible. Toutefois, les retards de paiement et le manque de liquidités compromettent gravement leur fonctionnement. « Il est absolument essentiel que tous les États membres respectent leurs obligations financières », a-t-il insisté.
Dans un monde marqué par des tensions croissantes, l’ONU demeure, selon son Secrétaire général, un pilier indispensable pour la paix et la sécurité. Mais elle a besoin d’un soutien renforcé. António Guterres conclut son discours par une exhortation à l’action : « Ensemble, faisons en sorte que les opérations de maintien de la paix répondent aux défis du moment, aux attentes des États Membres, et aux besoins légitimes de nos soldats de la paix – et des personnes à qui ils viennent en aide. »