Médiation historique : le Qatar réunit les présidents congolais et rwandais à Doha

Photo of author

By OGG

Par Nizar DERDABI*

Voici sans conteste l’homme le plus influent du monde actuellement, et ce n’est pas Donald Trump !

L’Émir Tamim ben Hamad Al-Thani a réussi le tour de force de réunir les deux frères ennemis, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, chez lui à Doha pour une tentative de médiation, alors que plusieurs chefs d’État africains et européens avaient échoué avant lui.

Cette rencontre diplomatique que personne n’avait vue venir soulève plusieurs questions essentielles quant à la nature et à l’influence du pouvoir diplomatique exercé par le Qatar.

Comment ce petit poucet géographique et démographique a-t-il pu prendre autant d’envergure sur le plan international, au point de peser lors de crises et conflits entre différents acteurs tout en gardant une position de médiateur accepté et écouté ? Comment parvient-il à réunir des protagonistes réputés inconciliables, que ce soit en Afghanistan ou désormais entre la République démocratique du Congo et le Rwanda ?

Cette réussite résulte d’un savant mélange de diplomatie discrète, de médiation neutre, d’intelligence stratégique et d’une puissance économique subtilement utilisée.

D’un point de vue diplomatique, cette réussite illustre une stratégie d’influence complexe, fondée sur une combinaison subtile de soft power, de médiation proactive et de capacités financières importantes.

Historiquement, le Qatar a démontré sa capacité unique à engager le dialogue avec des acteurs traditionnellement considérés comme difficiles ou isolés par la communauté internationale, comme cela fut le cas avec les talibans après le retrait américain d’Afghanistan. Le gouvernement qatari a réussi à établir les seuls canaux de communication capables de dialoguer avec toutes les parties, même les plus controversées ou difficiles d’accès.

Ce cas récent, où l’Émir Tamim a réuni les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, relève clairement du « smart power ». Le Qatar ne mise pas exclusivement sur le soft power culturel ou économique, ni sur le hard power militaire direct, mais plutôt sur un pouvoir intelligent (smart power), combinaison habile de diplomatie discrète, d’influence économique et d’un capital relationnel solide construit sur le long terme.

En résumé, la capacité du Qatar à réunir des protagonistes difficiles à concilier résulte d’un mélange ingénieux de diplomatie discrète, de médiation neutre, d’intelligence stratégique et d’une puissance économique subtilement utilisée.

Le Qatar montre ainsi que dans le monde diplomatique contemporain, l’influence véritable réside moins dans la force brute que dans la capacité à négocier, dialoguer et influencer subtilement les décisions à travers une posture équilibrée et réfléchie.

*Analyste en Stratégie Internationale, Défense & Sécurité ◾ Enseignant à l’Ecole de Guerre Économique ◾ Formateur sur les enquêtes terroristes certifié par: « US Office of Antiterrorism Assistance »Analyste en Stratégie Internationale, Défense & Sécurité ◾ Enseignant à l’Ecole de Guerre Économique ◾ Formateur sur les enquêtes terroristes certifié par: « US Office of Antiterrorism Assistance »

Newsletter

Abonnez-vous à la newsletter de La Tribune des Nations et bénéficiez d’informations exclusives.