Séoul en effervescence : la Cour constitutionnelle destitue le président Yoon Suk Yeol

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By Alice Jourdan

Alice Jourdan, depuis Séoul

L’histoire s’écrit sous les yeux d’une nation en suspens. Ce vendredi, la Cour constitutionnelle de Corée du Sud a prononcé à l’unanimité la destitution du président Yoon Suk Yeol, invoquant une « grave violation des normes démocratiques et de l’État de droit ». Une décision historique, attendue par des millions de Sud-Coréens, qui marque un tournant politique majeur dans le pays.

La veille, dans le quartier de Jongno-gu, à quelques encablures des hauts lieux touristiques comme Gyeongbokgung Palace ou Ikseon-dong, les tensions étaient palpables. Des milliers de manifestants s’étaient rassemblés, à la veille du verdict tant redouté, pour dénoncer les dérives autoritaires du président. En toile de fond : l’instauration controversée de la loi martiale le 3 décembre dernier, contre l’avis même du gouvernement et de son propre parti.

« Je suis sûr que Yoon sera destitué et ira en prison à vie », confiait un habitant du quartier d’Angukdong, en recommandant aux étrangers de rester à l’écart de la zone. Un conseil repris par le Centre de crise du ministère français des Affaires étrangères, qui rappelait également l’interdiction pour les ressortissants étrangers de participer à toute manifestation politique, conformément à l’article 17 du South Korea’s Immigration Act.

Le 4 avril au matin, dans les bus et les cafés de Suwon, comme dans tout le pays, les yeux étaient rivés sur les écrans de téléphone. Peu avant midi, le couperet tombe : les huit juges constitutionnels votent sans appel la destitution du président Yoon. De nouvelles élections présidentielles doivent être organisées dans les 60 jours.

À Séoul, des scènes de liesse éclatent dans les rues. Pour beaucoup, cette décision incarne une victoire de la démocratie. Mais la prudence reste de mise. Les soutiens farouches de Yoon Suk Yeol, déjà mobilisés en janvier pour empêcher son arrestation, pourraient faire entendre leur voix dans les jours à venir.

Le pays entre dans une période de transition sous haute tension. Mais ce vendredi 4 avril restera gravé comme le jour où la démocratie sud-coréenne a tenu bon.

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