Malgré une timide reprise économique, un nouveau rapport du PNUD révèle une insécurité généralisée touchant particulièrement les femmes, les zones rurales et les ménages les plus vulnérables.
Kabul/New York – Alors que l’Afghanistan a enregistré pour la première fois depuis 2019 une légère croissance de son PIB de 2,7 % en 2023-2024, un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), publié ce 30 avril, dresse un constat alarmant : cette reprise fragile ne parvient pas à enrayer l’aggravation de la précarité quotidienne qui touche aujourd’hui trois quarts de la population. Le déficit commercial a bondi à 6,7 milliards de dollars, la production nationale stagne et les créations d’emplois se font rares, accentuant la dépendance du pays aux importations et à l’aide internationale.

Loin des indicateurs macroéconomiques, la réalité sur le terrain est marquée par une hausse de six points du taux d’insécurité de subsistance entre 2023 et 2024, atteignant désormais 75 % de la population. Les chocs économiques et climatiques s’intensifient, les conditions de vie, d’accès aux soins et au logement se détériorent, et les ménages dirigés par des femmes ou déplacés internes sont les plus affectés. Neuf foyers sur dix déclarent avoir dû réduire leur consommation quotidienne, érodant ainsi leurs capacités de résilience.
Le rapport souligne par ailleurs que les restrictions persistantes sur l’éducation et l’emploi des femmes creusent davantage les inégalités de genre. L’économie pourrait perdre jusqu’à 920 millions de dollars d’ici 2026 en raison de ces politiques discriminatoires. Le taux d’accès aux soins des femmes a chuté, et la sécurité pour elles dans l’espace public continue de reculer. À cela s’ajoute une marginalisation accrue des zones rurales, qui regroupent plus de 70 % de la population, mais restent privées de services essentiels.
Face à ces constats, le PNUD appelle à des interventions ciblées de long terme, allant au-delà de l’assistance humanitaire : soutien aux entreprises dirigées par des femmes, développement des chaînes de valeur agricoles, renforcement des moyens de subsistance durables dans les zones éco-fragiles, et mise en place de filets de protection sociale. Selon Kanni Wignaraja, directrice régionale du PNUD pour l’Asie-Pacifique, « le peuple afghan est confronté à une trajectoire profondément préoccupante ». Et pour Stephen Rodriques, représentant résident du PNUD en Afghanistan, « lever les restrictions actuelles imposées aux femmes est une condition indispensable à la relance économique du pays ».