Soudan : l’ONU dénonce des crimes de guerre et crimes contre l’humanité à grande échelle

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By La rédaction

Civils massacrés, infrastructures vitales détruites, violences sexuelles systématiques : le nouveau rapport de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur le Soudan, présenté vendredi au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, dresse un constat accablant. Les deux camps en guerre – les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) – sont accusés d’avoir délibérément pris pour cible la population civile, au prix d’atrocités pouvant constituer des crimes de guerre et, dans certains cas, des crimes contre l’humanité.

Selon le rapport intitulé « A War of Atrocities », les belligérants ont multiplié attaques directes, exécutions sommaires, arrestations arbitraires et actes de torture. Les RSF et leurs alliés sont particulièrement mis en cause pour des crimes de masse lors du siège d’El Fasher, notamment des viols, des esclavages sexuels, des déportations forcées et des persécutions fondées sur l’ethnie, le genre ou les opinions politiques. À Zamzam, en avril, entre 300 et 1 500 civils – pour la plupart des femmes et des enfants – ont été massacrés. D’autres exactions documentées visent les communautés non arabes Zaghawa, Fur, Masalit et Tunjur, systématiquement déplacées.

Les enquêteurs soulignent également la stratégie de destruction des moyens de survie : hôpitaux, marchés, systèmes d’approvisionnement en eau et camps de déplacés. Seul un quart des structures de santé reste opérationnel dans les régions les plus touchées, alors que 12,1 millions de personnes sont déplacées et que plus de la moitié du pays fait face à une insécurité alimentaire aiguë. « Ces tragédies ne sont pas accidentelles mais relèvent de stratégies délibérées », a déclaré Mohamed Chande Othman, président de la Mission.

Le rapport documente un usage massif de la violence sexuelle comme arme de guerre. Des femmes et des filles, parfois âgées de seulement 12 ans, ont été victimes de viols, de mariages forcés et d’esclavage sexuel aux mains des RSF. Des cas de torture sexualisée ont également été attribués aux forces armées soudanaises et à leurs alliés.

Face à l’ampleur des crimes, la Mission estime que les institutions soudanaises ne sont « ni prêtes, ni disposées » à conduire des enquêtes crédibles. Elle dénonce des pratiques d’impunité, d’amnisties sélectives et de déni de justice pour les victimes. « Chaque jour d’inaction laisse les civils sous attaque », a averti Mona Rishmawi, membre de la Mission, appelant à des mesures internationales urgentes.

Le rapport préconise une série de mesures : renforcement de l’embargo sur les armes, soutien à la Cour pénale internationale, création d’un mécanisme judiciaire indépendant pour le Soudan, usage de la compétence universelle et adoption de sanctions ciblées contre les responsables. « Le peuple soudanais vit l’une des pires crises humanitaires au monde. Ne pas agir serait une trahison des fondements mêmes du droit international », a conclu Othman.

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