Pollution atmosphérique : une menace mondiale qui persiste malgré quelques progrès

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By La rédaction

Alors que plus de 4,5 millions de décès prématurés chaque année sont attribués à la mauvaise qualité de l’air, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alerte sur une tendance inquiétante : la pollution atmosphérique continue de s’aggraver dans de nombreuses régions du monde, notamment en raison des incendies de forêt.

« La qualité de l’air ne connaît pas de frontières », rappelle Lorenzo Labrador, scientifique à l’OMM. La fumée générée par les feux records observés cette année dans la péninsule ibérique a déjà atteint l’Europe occidentale et peut se propager sur l’ensemble du continent. Une carte mondiale établie par l’agence montre des concentrations alarmantes de particules fines (PM2,5) en 2024, notamment au Chili, au Brésil, en Équateur, au Canada, en Afrique centrale et en Sibérie. Le lien entre changement climatique et intensification des saisons d’incendies est désormais établi : « elles tendent à être plus fortes et plus longues chaque année », précise M. Labrador.

Tout n’est pas sombre pour autant. L’OMM observe une réduction des émissions dans certaines régions, en particulier dans l’est de la Chine et en Europe. « Lorsque des mesures concrètes sont prises, elles fonctionnent », souligne Paolo Laj, responsable du programme de la Veille de l’atmosphère globale. À Shanghai, l’ouverture d’espaces verts et la généralisation des véhicules électriques contribuent à une amélioration tangible de la qualité de l’air. Ces efforts prouvent que des politiques publiques ambitieuses peuvent produire des résultats mesurables.

Malgré ces avancées, très peu de villes atteignent les seuils de qualité de l’air recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le smog reste un fléau, alimenté notamment par l’ozone troposphérique, dont les niveaux ne diminuent pas. Ce polluant secondaire est directement lié à l’ensoleillement, donc au réchauffement climatique. Ko Barrett, Secrétaire général adjoint de l’OMM, insiste : « Le changement climatique et la qualité de l’air ne peuvent être abordés séparément. »

Parallèlement, l’ONU met en avant des solutions simples pour réduire la pollution domestique, l’une des plus graves menaces pour la santé publique. L’adoption de technologies de cuisson plus propres, déjà disponibles et abordables, pourrait sauver des millions de vies, selon Martina Otto, du PNUE.

Sur le plan intergouvernemental, la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, adoptée en 1979, reste un outil majeur. Elle a permis de sauver environ 600 000 vies chaque année en Europe et en Amérique du Nord grâce à des réductions d’émissions juridiquement contraignantes. Inspirées par ce succès, plusieurs régions d’Asie et d’Amérique latine cherchent aujourd’hui à appliquer ce modèle de coopération scientifique et politique. La CEE-ONU, qui pilote la Convention, continue de renforcer les normes, notamment sur les émissions des véhicules et la qualité des carburants.

Si des progrès notables sont visibles dans certaines parties du globe, l’OMM insiste : la pollution atmosphérique demeure une urgence sanitaire mondiale. L’enjeu est double : protéger la santé des populations tout en luttant contre le changement climatique.

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