Un nouveau cycle de négociations entre l’Iran, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne doit débuter ce lundi 13 janvier à Genève, une semaine avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Ces discussions – les premières à avoir lieu depuis l’élection présidentielle américaine de 2024 – ont eu lieu après que l’Iran ait été irrité par une résolution soutenue par l’Europe accusant Téhéran de mauvaise coopération avec le personnel de surveillance nucléaire des Nations Unies. Il s’agira d’un «dialogue et d’une consultation, et non de négociations», a précisé le diplomate iranien Kazem Gharibabadi, envoyé de Téhéran au précédent rendez-vous de Genève, cité par l’agence Isna.
Le 17 décembre 2024, trois pays européens ont accusé l’Iran d’augmenter ses stocks d’uranium hautement enrichi à des niveaux sans précédent, sans aucune raison justifiable. Ils ont également évoqué la possibilité de rétablir les sanctions contre l’Iran pour empêcher ce pays de développer son programme nucléaire. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré à l’agence de presse Reuters en décembre 2024 que l’Iran accélérait considérablement son processus d’enrichissement de l’uranium jusqu’à une pureté de 60 %, plus proche d’environ 90 % – un noyau de qualité nucléaire.
En 2015, l’Iran a conclu un accord avec les puissances mondiales – y compris les États-Unis – pour limiter son programme nucléaire en raison de préoccupations concernant la capacité du pays à développer des armes nucléaires. Cependant, en 2018, le président américain de l’époque, Donald Trump, s’est retiré de l’ accord nucléaire iranien de 2015 avec six grandes puissances et a réimposé de sévères sanctions à l’Iran. Cela a conduit l’Iran à violer les termes de l’accord, en reconstruisant ses stocks d’uranium enrichi, en raffinant l’uranium jusqu’à une pureté fissile plus élevée et en installant des centrifugeuses avancées pour accélérer la production.
L’issue de ces pourparlers reste incertaine. Les déclarations récentes des dirigeants européens témoignent d’une impatience croissante face au manque de progrès dans les négociations précédentes. Le président Macron a même suggéré la possibilité de réimposer des sanctions si aucune avancée significative n’avait lieu.
La France, notamment, a multiplié les avertissements sur la nécessité d’agir rapidement. Le président Emmanuel Macron a récemment déclaré que le monde ne pouvait se permettre d’attendre indéfiniment une coopération iranienne, mentionnant la possibilité de sanctions supplémentaires en cas d’échec des négociations. Les diplomates européens devront donc jongler entre fermeté et conciliation pour arracher des compromis tout en entraînant un blocage définitif des dis.
Si la reprise des pourparlers représente en soi un signe encourageant de volonté diplomatique, les chances de succès restent incertaines. Un échec risquerait de renforcer les partisans de la confrontation des deux côtés, augmentant les tensions régionales et diminuant les opportunités de solutions multilatérales. À l’inverse, un accord, même partiel, pourrait marquer un retour à une forme de coopération sur des bases renouvelées, offrant une bouffée d’air frais dans un environnement géographique.
Le 18 décembre dernier, à New York, la responsable des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, avait appelé à un réengagement urgent pour rétablir un accord international sur le programme nucléaire iranien. Cette dernière a rappelé qu’il restait dix mois avant la « date butoir » de la résolution 2231 (2015) et que l’impasse sur le rétablissement du Plan global d’action conjoint (JCPOA), persistait, dans un contexte régional qui se détériorait. « La nécessité d’une solution globale et à long terme qui rétablirait les objectifs du plan n’a jamais été aussi grande », a-t-elle déclaré aux ambassadeurs.
Elle a indiqué que les États-Unis n’étaient pas revenus au JCPOA, qu’ils n’avaient pas levé les sanctions unilatérales imposées à la suite de leur retrait, et que les dérogations concernant le commerce du pétrole avec l’Iran n’avaient pas été prolongées. Pour sa part, l’Iran n’est revenu sur aucune des mesures qu’il a prises depuis mai 2019 pour s’éloigner de ses engagements en matière nucléaire.