Alors que les crises humanitaires se multiplient dans le monde, une conférence de haut niveau, organisée par la Mission permanente du Koweït à Genève, avec la participation de plusieurs agences des Nations Unies et experts internationaux, a lancé un appel urgent : l’aide humanitaire et la protection de ses acteurs ne relèvent plus de simples considérations logistiques, mais d’une exigence légale et morale incontournable.
Sous la modération de Nawaf Naman, vice-président de l’Observatoire géostratégique de Genève, l’événement parallèle intitulé « L’aide humanitaire et la protection du personnel : un pilier de la promotion des droits de l’homme en période de conflit », s’est tenu en marge de la 59e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Il a rassemblé un panel d’experts issus de plusieurs entités onusiennes — dont le HCDH, l’OMS, l’OCHA et le mandat du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation — ainsi que des représentants de l’Université de Genève.
L’objectif : affirmer que l’entrave à l’aide humanitaire et les attaques contre les personnels de secours sont des violations graves du droit international humanitaire, affectant les droits les plus fondamentaux — à l’alimentation, à la santé, à l’eau et à l’éducation.

Gaza : symbole d’une crise mondiale
Dans un message vidéo, le Dr Michael Fakhri, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, a dénoncé l’utilisation de la faim comme arme de guerre à Gaza, évoquant une stratégie délibérée de destruction des infrastructures alimentaires et sanitaires pour déstabiliser la population. Il a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre la résolution 2417 du Conseil de sécurité et a plaidé pour l’accompagnement des convois d’aide par des forces de maintien de la paix.
Le constat dressé par Francesco Motta, du HCDH, est tout aussi alarmant : un million de personnes menacées de famine d’ici septembre 2025, aucun hôpital de Gaza ne fonctionnant à pleine capacité, et 377 travailleurs humanitaires tués en 2024, dont 168 agents de l’ONU — un record.

Des données glaçantes et des appels au droit
Le Dr Altaf Musani, de l’OMS, a révélé que 8 630 attaques contre les structures de santé ont été recensées depuis 2018, causant plus de 4 000 morts. Gaza, la Cisjordanie, le Soudan, mais aussi l’Iran et Israël figurent parmi les zones les plus affectées en 2025.
Pour le professeur Marco Sassòli, de l’Université de Genève, refuser l’aide pour des motifs discriminatoires constitue une double violation du droit humanitaire. Il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2730 (2023) pour garantir la sécurité et la transparence des opérations humanitaires.
Quant à Patrick Duplat, conseiller à l’OCHA, il a souligné les obstacles croissants sur le terrain : blocages politiques, militarisation des corridors humanitaires, insécurité. Il a insisté sur la nécessité de maintenir un accès neutre et indépendant, fondé sur les principes humanitaires.
Une urgence morale, juridique et politique
En conclusion, Nawaf Naman a affirmé que l’accès humanitaire n’est pas un privilège, mais un droit fondamental. L’échec à le garantir est une faute politique, mais aussi juridique et éthique. Il a appelé à renforcer les cadres internationaux, à assurer une responsabilisation effective, et à replacer la dignité humaine au cœur de l’action humanitaire.
