Du 3 au 8 février 2025, Genève accueille la 78e réunion du Comité permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Cet événement réunit plus de 600 participants, représentant 70 Parties à la CITES et plus de 100 organisations observatrices, pour discuter de 87 points à l’ordre du jour. Cette rencontre est d’autant plus significative qu’elle précède la 20e Conférence des Parties (CoP20), prévue en novembre 2025 à Samarcande, en Ouzbékistan, marquant le 50e anniversaire de la Convention.

Parmi les sujets phares abordés lors de cette session, la conservation des éléphants occupe une place centrale. Le Comité examine notamment la distinction taxonomique entre l’éléphant de savane (Loxodonta africana) et l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis), une reconnaissance scientifique récente qui pourrait influencer les mesures de protection spécifiques à chaque espèce. De plus, les résultats de la réunion de dialogue des États de l’aire de répartition de l’éléphant d’Afrique, tenue au Botswana en septembre 2024, sont analysés pour renforcer les plans d’action nationaux contre le commerce illégal d’ivoire.
Les espèces marines sont également au cœur des discussions, avec une attention particulière portée aux requins et aux raies. Le Comité évalue les résultats d’une étude du Secrétariat sur les divergences entre les données de capture et de commerce des espèces de requins inscrites à la CITES. Les défis liés à la traçabilité et à la durabilité de ces espèces, souvent victimes de surpêche, sont au centre des préoccupations.
Les espèces végétales ne sont pas en reste, avec un focus sur les bois de rose (Dalbergia spp. et Guibourtia spp.) et le bois-brésil (Paubrasilia echinata). Le Comité examine les impacts des exemptions de la CITES sur la conservation de ces espèces précieuses, ainsi que les besoins en matière d’application, de gestion des stocks et de renforcement des capacités pour un système de traçabilité efficace, notamment pour les archets en bois-brésil.
Vers une gouvernance plus inclusive
Au-delà des espèces spécifiques, le Comité aborde des questions transversales essentielles. L’implication des peuples autochtones et des communautés locales dans les processus de la CITES est discutée, avec la proposition de nouvelles orientations non contraignantes pour les consultations sur les amendements aux annexes de la Convention. Cette approche vise à rendre les décisions plus inclusives et adaptées aux réalités des territoires concernés.
Autre enjeu majeur, le rôle de la CITES dans la réduction des risques de maladies zoonotiques liées au commerce international de la faune sauvage est également au programme. Depuis la pandémie de COVID-19, la régulation du commerce des espèces exotiques et leur impact potentiel sur la santé humaine sont devenus des priorités. Le Comité pourrait proposer des mesures renforcées pour éviter les interactions à risque et prévenir d’éventuelles nouvelles crises sanitaires.
Les questions de conformité sont également cruciales, avec un examen des progrès réalisés par des pays comme le Cameroun, le Nigeria, le Vietnam et la République démocratique du Congo dans la mise en œuvre de la Convention. Les défis liés au commerce illégal, à l’élevage en captivité et à la législation nationale sont analysés pour renforcer l’efficacité de la CITES.
Cette 78e réunion du Comité permanent est donc un moment décisif pour évaluer les avancées et les défis dans la conservation des espèces menacées. Les décisions prises à Genève auront un impact significatif sur les politiques de conservation et de commerce durable, préparant le terrain pour la CoP20 à Samarcande. À l’approche du 50e anniversaire de la CITES, ces discussions reflètent l’engagement continu de la communauté internationale en faveur de la biodiversité mondiale.
Face aux menaces persistantes du commerce illégal, du changement climatique et de la perte d’habitats, la CITES doit continuer à évoluer pour répondre aux défis contemporains. Les décisions prises à Genève ne détermineront pas seulement l’avenir des espèces emblématiques comme l’éléphant, le requin ou les bois tropicaux, mais aussi celui des écosystèmes et des millions de personnes qui en dépendent. L’enjeu est de taille : garantir un équilibre entre conservation et utilisation durable des ressources naturelles, tout en renforçant la coopération internationale pour protéger la biodiversité pour les générations futures.

La Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, a ouvert la 78e réunion du Comité permanent à Genève en soulignant l’importance de l’engagement international pour un commerce durable et traçable des espèces sauvages. Cette rencontre marque les 50 ans de la CITES et accueille le Turkménistan comme 185e État partie. Les discussions portent sur la conservation des espèces, les efforts de lutte contre le trafic et la protection des arbres inscrits à la CITES. Mme Higuero a également mis en avant l’implication des jeunes et les progrès en matière de conformité des Parties.
Toutefois, elle a alerté sur les contraintes financières croissantes alors que les tâches de la CITES s’intensifient. Le budget est dépassé, obligeant à prolonger les délibérations et à trouver de nouveaux financements. En prélude à la COP20 à Samarcande, elle a appelé à une collaboration renforcée entre les 185 Parties pour adopter des recommandations concrètes et assurer un avenir où la conservation reste une priorité. Elle a conclu en appelant à une action collective pour un monde plus durable et en harmonie avec la nature.