La Genève internationale menacée?

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By Vincent Malaguti

          https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/pour-de-nombreux-pays-la-suisse-n-est-plus-neutre-geneve-et-ses-institutions-internationales-face-a-une-perte-d-influence-3068515.html

Pour l’ensemble des intervenants: les temps à venir s’annoncent peu rassurants. La voix de l’ONU est contestée à l’extérieur de la Suisse. Le discours tenu par Donald Trump, nouvellement réélu à la tête des Etats-Unis, ne penche pas en faveur de l’inversion de cette tendance. En outre, la place de Genève, comme coeur de la diplomatie suisse, est de plus en plus contestée.«Le problème connus actuellement ont été mis en avant par Kofi Annan dans le passé», souligne Corinne Momal-Vanian, directrice exécutive de la fondation du même nom. L’ancien diplomate Jean-Daniel Ruch déplore également que le système international se délite.

            Ce jeudi 28 novembre, le club suisse de la presse accueillait les premières assises de l’Observatoire géostratégique de Genève, organisée par l’entité éponyme. Au coeur de ce premier événement: l’avenir de l’ONU et les perspectives d’évolution de la Genève internationale.

https://www.tdg.ch/face-a-elon-musk-geneve-promeut-la-regulation-dinternet-195752599395

            Biro Diwara, Secrétaire général de l’ONG interfaith International, utilise des mots plus forts. Pour lui, «le système institutionnel multilatéral onusienne est à la croisée des chemins», notamment en raison de la multiplication des conflits actuels et la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Il s’inquiète aussi d’un budget en baisse: «il est aujourd’hui inférieur à celui dépensé par Coca-cola pour les publicités».

            Quel rôle doit jouer Genève dans cette croisée des chemins? Les intervenants ont livré des pistes, mais peu de réponses précises. Sur le ton de la boutade, Jean-Daniel Ruch a invité à ouvrir un bureau onusienne à…Zurich pour être plus proches des centres de décisions économiques et médiatiques, confirmant ainsi que le sort de la Genève internationale n’était désormais presque plus entre les mains du canton. Une avis que ne partage pas Mauro Poggia, ancien conseiller d’Etat et actuel Conseiller aux Etats. D’après lui, «la Suisse et Genève ont plus intérêt à défendre leurs intérêt que poser leurs conditions pour permettre que la place dispose toujours d’un rôle dans 30 ans», alors que la place genevoise est fortement attaquée et mise en concurrence dans son domaine avec la capitale autrichienne. Il poursuit en laissant entendre que les efforts reposaient davantage sur les épaules de l’exécutif cantonal genevois que sur celles du Conseil fédéral: «Berne est peu outillée en la matière.»

            Le débat sur l’avenir de la Genève internationale devrait s’accentuer dans les mois à venir. La population suisse sera amenée, dans les prochains mois, à s’exprimer sur l’ancrage de la neutralité dans sa constitution. Une votation qui devrait raviver les réflexions sur la place de la cité de Calvin comme place forte de la diplomatie en Suisse. Cette question sera au coeur d’un livre blanc, édité par l’Observatoire géostratégique de Genève. Sa parution est prévue au premier trimestre 2025.

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