L’ONU en quête d’unité face aux tensions croissantes en mer de Chine méridionale

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By La rédaction

*Article généré avec l’appui de l’IA

Les revendications territoriales de Pékin et ses incursions répétées autour d’îles contestées alimentent une escalade de tensions avec ses voisins d’Asie du Sud-Est et les États-Unis. Alors que l’ONU tente d’encourager le dialogue, le multilatéralisme peine à contenir une rivalité stratégique qui redessine l’équilibre des puissances dans la région indo-pacifique.

Une mer au cœur des convoitises

La mer de Chine méridionale couvre environ 3,5 millions de km², reliant l’océan Pacifique à l’océan Indien. Elle est l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde : près d’un tiers du commerce maritime international y transite, dont une grande partie du pétrole destiné à la Chine, au Japon et à la Corée du Sud. Mais au-delà de sa fonction de corridor commercial, cette mer regorge également de ressources : des réserves prouvées et potentielles d’hydrocarbures, une biodiversité marine exceptionnelle et des zones de pêche vitales pour des millions de personnes.

Ces atouts en font une zone stratégique et hautement disputée. La Chine revendique la quasi-totalité de la mer, en s’appuyant sur la fameuse « ligne en neuf traits » tracée dès 1947. Face à elle, plusieurs pays – Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei, Indonésie – contestent ces prétentions et défendent leurs zones économiques exclusives définies par le droit international.

Pékin muscle sa présence

Depuis une décennie, la Chine a renforcé son emprise de manière visible et spectaculaire. Elle a entrepris la construction d’îlots artificiels, parfois transformés en bases militaires équipées de pistes d’atterrissage, de radars et de systèmes de défense aérienne. Ces avancées, souvent qualifiées de « fait accompli », lui permettent de projeter une puissance navale croissante et de contrôler les passages stratégiques.

Les incidents se multiplient : navires garde-côtes chinois barrant la route à des bateaux philippins, affrontements verbaux entre pêcheurs vietnamiens et patrouilleurs chinois, accusations d’intimidation. Ces épisodes rappellent que la militarisation de la zone est une réalité et que l’équilibre fragile peut basculer à tout moment dans l’escalade.

Les voisins en résistance, mais divisés

Face à la pression, les pays riverains réagissent diversement.

  • Les Philippines renforcent leur alliance militaire avec les États-Unis, multipliant les exercices conjoints et autorisant Washington à utiliser davantage de bases sur leur territoire.
  • Le Vietnam modernise sa marine et n’exclut pas une coopération accrue avec d’autres puissances, tout en évitant un affrontement frontal avec Pékin.
  • La Malaisie et le Brunei, plus prudents, privilégient le dialogue bilatéral et cherchent à ne pas compromettre leurs liens économiques avec la Chine.

Cette hétérogénéité des positions affaiblit la capacité de l’ASEAN à parler d’une seule voix. Pékin exploite habilement ces divisions, préférant négocier de manière bilatérale avec ses voisins plutôt qu’accepter un cadre multilatéral contraignant.

Les États-Unis en arbitre… et en protagoniste

Washington se pose en garant de la « liberté de navigation ». Ses navires de guerre croisent régulièrement dans la zone pour contester les revendications chinoises et démontrer leur engagement envers les alliés régionaux. Mais derrière cette défense du droit international, les États-Unis cherchent surtout à contenir l’expansion chinoise dans l’Indo-Pacifique.

L’administration américaine a par ailleurs intensifié la formation d’alliances régionales :

  • le Quad (États-Unis, Inde, Japon, Australie),
  • l’AUKUS (États-Unis, Royaume-Uni, Australie),
  • et des partenariats renforcés avec les Philippines et le Japon.

Ces dispositifs visent à encercler la Chine et à préserver un équilibre stratégique, mais ils alimentent aussi l’impression, côté chinois, d’une politique d’endiguement hostile.

Le rôle effacé de l’ONU

Dans ce contexte explosif, les Nations Unies peinent à s’imposer comme médiateur. Certes, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), adoptée en 1982, définit les droits maritimes des États et a déjà servi de base juridique à un arbitrage important : en 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a donné raison aux Philippines, rejetant les revendications chinoises. Mais Pékin a purement et simplement ignoré la décision.

Le Conseil de sécurité, paralysé par les rivalités entre grandes puissances, reste inactif. La Chine, membre permanent, dispose d’un droit de veto qu’elle n’hésiterait pas à utiliser pour bloquer toute résolution contraignante. L’ONU se limite donc à rappeler l’importance du dialogue et du respect du droit international, sans véritable effet sur le terrain.

Une rivalité aux répercussions globales

La mer de Chine méridionale est bien plus qu’un différend régional. Elle illustre la recomposition de l’ordre mondial :

  • Économiquement, elle révèle la dépendance des chaînes logistiques mondiales aux routes maritimes et la fragilité du commerce international face aux tensions géopolitiques.
  • Militairement, elle marque le retour des stratégies de puissance, avec une compétition navale et technologique intense.
  • Politiquement, elle met en lumière les limites du multilatéralisme et l’incapacité des institutions internationales à réguler les rapports de force.

La rivalité sino-américaine y trouve un terrain d’expression privilégié. Chaque incident maritime devient un test de crédibilité pour Washington comme pour Pékin.

Scénarios d’évolution

Trois trajectoires principales se dessinent :

  1. L’escalade contrôlée : les tensions persistent mais restent en deçà d’un affrontement armé, chaque partie testant les limites de l’autre.
  2. La confrontation ouverte : un incident militaire dégénère, entraînant une crise majeure et obligeant la communauté internationale à intervenir.
  3. La négociation pragmatique : sous la pression économique et climatique, les États riverains finissent par s’accorder sur un code de conduite régional, même limité.

Pour l’instant, le premier scénario semble le plus probable. Mais la multiplication des incidents accroît le risque de malentendu ou d’accident, susceptible de déclencher une crise incontrôlée.

Conclusion : un test pour le multilatéralisme

La mer de Chine méridionale est l’un des foyers les plus sensibles de la planète. Elle met en confrontation directe la puissance établie (les États-Unis) et la puissance ascendante (la Chine), tout en plaçant les pays riverains dans une position de vulnérabilité stratégique.

L’ONU, malgré son rôle normatif, reste en retrait face à la logique des rapports de force. Plus qu’un simple différend maritime, cette crise symbolise la difficulté du système international à gérer les rivalités entre grandes puissances.

Si la communauté internationale échoue à désamorcer ces tensions, la mer de Chine méridionale pourrait devenir le théâtre d’un basculement stratégique majeur, annonçant un monde dominé moins par le droit que par la force.

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