Ce mercredi 15 janvier, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a présenté ses priorités pour l’année 2025 devant l’Assemblée générale. Avec son pragmatisme habituel teinté de métaphores, il a comparé les crises actuelles à une véritable « boîte de Pandore ». Sortie de cette boîte imaginaire : une cohorte de fléaux modernes, parmi lesquels les conflits persistants, les inégalités croissantes, la crise climatique et la technologie hors de contrôle. Mais, selon Guterres, un bien rare et précieux subsiste : l’espoir. Un espoir qu’il promet de mobiliser « par l’action ». Cependant, au-delà de l’engagement et des discours, peut-on réellement attendre des avancées concrètes ?

Antonio Guterres a reconnu la gravité des conflits à travers le monde, citant entre autres l’Ukraine, le Sahel et Haïti, où la situation semble désespérée. Pourtant, il s’est félicité des progrès récents dans certaines zones, comme Gaza et le Liban. Il a salué les négociations finales pour un cessez-le-feu à Gaza et la sortie d’impasse politique au Liban, qu’il considère comme « une fenêtre ouverte pour la stabilité ». Ces développements restent néanmoins fragiles, et les défis colossaux de la Syrie, du Myanmar et de la RDC montrent que la paix, dans beaucoup de cas, demeure un mirage. Cette disparité soulève des questions sur les capacités réelles des Nations Unies à influencer sur des conflits complexes où dominent les intérêts géopolitiques.
Des inégalités toujours plus marquées
L’un des constats les plus accablants réside dans la progression des inégalités, qualifiées par le Secrétaire général comme symptôme d’un système « profondément brisé ». Il exhorte les nations à s’unir pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), soulignant que seuls 20 % d’entre eux sont sur la bonne voie à cinq ans de l’échéance. Si ces appels sont justifiés, ils sonnent néanmoins familiers : depuis plusieurs années, l’ONU alerte sur le déficit de financement nécessaire pour les ODD (4 000 milliards de dollars), sans que la mobilisation ne suive véritablement. Malgré les sommets et les pactes annoncés, cette problématique ressemble de plus en plus à un éternel recommencement.
Concernant la crise climatique, António Guterres n’a pas mâché ses mots. Qualifiant Los Angeles de « théâtre de catastrophes », il a énoncé l’inaction collective face à une situation de plus en plus critique. Alors que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, les Nations Unies insistent sur la nécessité de réduire les émissions mondiales de 60 % d’ici 2035 pour respecter l’objectif de 1,5 degré fixé par l’Accord de Paris. . Si les ambitions sont affichées, les engagements fermes des grands pollueurs se font toujours attendre. L’espoir, ici encore, semble s’appuyer davantage sur des aspirations que sur des résultats.
Technologie : entre opportunités et dérives
Dans une époque où la technologie s’impose comme un levier clé mais aussi une menace, Guterres appelle à une gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle (IA). Il plaide pour une utilisation de l’IA qui « avantage l’humanité » tout en préservant les droits humains. Cette déclaration louable illustre cependant un défi de taille : qui, dans un monde dominé par les géants technologiques, prendra la responsabilité de réguler des outils capables de révolutionner (ou déstabiliser) les sociétés ?
António Guterres termine son allocution en rappelant que, même dans le chaos, « l’espoir » reste le bien ultime. Une position qui souligne son optimisme infatigable, mais aussi les limites structurelles des Nations Unies à transformer ces déclarations en actes tangibles. Avec des défis globaux de cette ampleur, l’ONU pourra difficilement y parvenir seule sans une volonté politique accumulée de Si l’image de la boîte de Pandore retient l’attention, il serait pertinent de s’interroger : l’espoir est-il suffisant pour constituer un monde où la coopération multilatérale semble s’éroder face aux intérêts nationaux et aux querelles d’ influence ? En 2025, comme toujours, les discours inspirants doivent être suivis d’actions décisives.