Steve Bannon : La croisade pour l’extrême droite en Europe

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By La rédaction

Dans une interview exclusive accordée au quotidien italien La Repubblica le 15 février 2025, Steve Bannon, ancien stratège en chef de la Maison-Blanche sous Donald Trump, a exposé sa vision politique pour l’Europe et les États-Unis. Fidèle à son style provocateur, il a clairement affiché son ambition : faire basculer le continent européen vers une droite nationaliste et populiste. « L’Europe a besoin d’une révolution conservatrice », a-t-il déclaré avec conviction, ajoutant que « les élites mondialisées ont trahi les peuples ».

Bannon voit en Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, un modèle à suivre pour l’extrême droite européenne. « Meloni a démontré qu’on peut être à la fois patriote et leader d’un pays de l’Union européenne. Elle est la preuve que le nationalisme n’est pas un retour en arrière, mais une avancée pour protéger l’identité et la souveraineté », a-t-il affirmé. En effet, selon lui, son succès politique en Italie pourrait inspirer d’autres mouvements populistes à travers l’Europe, de la France à la Hongrie.

Le soutien de Bannon à Meloni n’est pas nouveau. Dès 2018, il avait lancé « The Movement », une organisation visant à soutenir les partis nationalistes en Europe. Bien que l’initiative n’ait pas rencontré le succès escompté, il reste convaincu que le moment est venu pour une « nouvelle vague populiste ». « La crise migratoire, la bureaucratie de Bruxelles, l’affaiblissement de l’identité culturelle… Tout cela pousse les Européens à chercher des alternatives. L’extrême droite est cette alternative », a-t-il martelé.

Steve Bannon ne se contente pas d’analyser le contexte politique européen ; il entend l’influencer activement. Lors de son entretien, il a expliqué vouloir intensifier ses efforts pour soutenir les partis d’extrême droite en Europe. Son objectif : créer un réseau international de mouvements nationalistes. « Les partis populistes doivent s’unir. Il ne s’agit plus de frontières nationales, mais d’une lutte mondiale contre le globalisme », a-t-il affirmé.

Pour cela, Bannon mise sur les jeunes générations. « La jeunesse européenne est fatiguée des politiciens traditionnels. Elle veut un changement radical. Nous devons lui donner une voix », a-t-il insisté. Il a également révélé son intention de renforcer son influence sur les médias numériques afin de contourner les « biais des grands médias libéraux ». « La bataille culturelle se joue en ligne. Nous devons occuper cet espace pour gagner les cœurs et les esprits », a-t-il ajouté.

Au-delà de son projet pour l’Europe, Bannon a également abordé sa relation tendue avec Elon Musk. « Musk est véritablement maléfique », a-t-il lancé sans détour, critiquant le patron de X (anciennement Twitter) pour son rôle dans le contrôle de l’information. « Il utilise son pouvoir pour censurer les voix conservatrices. Nous devons le confronter », a-t-il poursuivi.

Bannon a accusé Musk de manipuler le débat public en faveur des élites mondialisées, s’engageant à « l’expulser de la Maison-Blanche ». Cette déclaration marque un tournant dans les tensions internes du mouvement MAGA, où Musk a été tantôt perçu comme un allié, tantôt comme un adversaire. « La liberté d’expression n’est pas à vendre, même pour le plus riche du monde », a martelé Bannon, soulignant sa volonté de défendre un internet « libre et patriotique ».

En filigrane de cette interview, se dessine la vision radicale de Bannon pour l’Occident. Il souhaite une révolte des nations contre les institutions internationales et les élites globalistes. « Le peuple doit reprendre le pouvoir. C’est une lutte existentielle pour notre civilisation », a-t-il affirmé avec une intensité qui ne laisse aucun doute sur ses intentions.

Sa stratégie est claire : utiliser le mécontentement populaire face à l’immigration, à la mondialisation et à la crise économique pour alimenter un mouvement nationaliste paneuropéen. « L’Europe doit retrouver sa souveraineté. L’Union européenne est une prison pour les nations », a-t-il proclamé. Pour lui, la décentralisation du pouvoir européen est une priorité absolue, tout comme la défense des valeurs chrétiennes.

L’interview de Steve Bannon révèle l’ampleur de son ambition : provoquer une secousse politique en Europe en fédérant les mouvements d’extrême droite autour d’une idéologie nationaliste et conservatrice. Son admiration pour Giorgia Meloni et son opposition farouche à Elon Musk montrent sa volonté de redéfinir le paysage politique mondial, en s’appuyant sur les nouvelles technologies pour contourner les systèmes médiatiques traditionnels.

Cette stratégie pose un défi majeur aux démocraties européennes. En radicalisant le discours politique et en amplifiant les divisions culturelles, Bannon espère catalyser un changement de paradigme. Toutefois, cette vision suscite des inquiétudes quant à l’avenir de l’unité européenne et à la montée des tensions sociales.

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