Alors que le régime syrien s’est effondré en décembre, des familles et des défenseurs des droits humains appellent la communauté internationale et les autorités intérimaires syriennes à agir sans délai pour faire la lumière sur le sort des disparus et assurer la justice.
Le Réseau syrien pour les droits de l’homme estime qu’au moins 112 000 Syriens sont portés disparus. Des preuves essentielles susceptibles d’éclairer leur sort risquent d’être perdues, négligées ou détruites. Face à cette menace, des associations et des proches des victimes réclament des actions immédiates pour protéger les scènes de crime, les centres de détention, les fosses communes et les archives du régime.
La campagne « Syria Waits » a été lancée pour mobiliser la solidarité internationale et faire pression sur les autorités afin qu’elles mènent des enquêtes indépendantes et soutiennent les familles et les survivants dans leur quête de vérité. Mayasa Sheikh Ahmad, membre de Families For Freedom, témoigne de son combat pour retrouver son mari, disparu depuis 2012. « Dès la chute du régime, je savais que je devais me rendre à Sednaya. J’ai fouillé chaque mur dans l’espoir d’y voir un signe de Mohammad. À la maison, il me laissait souvent de petits mots d’amour au crayon sur le mur. J’espérais qu’il ait fait de même dans la cellule où il a été détenu si longtemps. »
Depuis des années, familles et survivants dénoncent les crimes du régime de Bachar al-Assad, documentent les abus et réclament justice. Wafa Mustafa, membre de The Syria Campaign, dont le père Ali a disparu en 2013, s’indigne du silence persistant : « Il ne devrait pas revenir aux familles de fouiller des morgues et des centres de détention pour grappiller des bribes d’information. Nous devons refuser que ces crimes soient effacés ou oubliés. »
Malgré les multiples témoignages et rapports accablants, la communauté internationale et les autorités intérimaires syriennes restent inertes. Razan Rashidi, également membre de The Syria Campaign, souligne l’inaction persistante : « Des preuves essentielles ont déjà été perdues à cause de l’inaction politique, des retards et de la négligence. Or, elles sont cruciales pour traduire les criminels en justice et apporter un semblant de vérité aux familles. »
Face à ces blocages, les familles des disparus et les militants des droits humains appellent à une pression internationale accrue. Ils exhortent les citoyens du monde entier à se mobiliser via des pétitions et des campagnes de sensibilisation. « Nous avons vu à maintes reprises comment la mobilisation publique pouvait faire bouger les lignes et aboutir à la justice », rappelle Razan Rashidi.
Alors que les preuves disparaissent et que le temps joue contre la vérité, les familles des disparus refusent de se taire. Leur combat, bien loin d’être achevé, reste une bataille essentielle pour une Syrie débarrassée du spectre des disparitions forcées et des crimes impunis.